Luc 3, 10-18

« Préparez un chemin au Seigneur »

Origène

Homélies sur saint Luc, homélie 22, SC 87, p. 303s

       Voyons ce qu’on proclame à l’avènement du Christ. D’abord, au sujet de Jean, il est écrit : Voix de celui qui crie dans le désert : Préparez le chemin du Seigneur, rendez droits ses sentiers. Ce n’est que le Seigneur qui réalise cela : ce n’est pas Jean qui comble toute vallée, mais le Seigneur, notre Sauveur. Que chacun considère ce qu’il était avant d’avoir la foi : il constatera qu’il était une vallée basse, une vallée tortueuse, une vallée en pente, plongeant dans les abîmes. Mais le Seigneur Jésus est venu et a envoyé l’Esprit-Saint à sa place ; alors toute vallée a été comblée. Elle a été comblée avec les bonnes œuvres et les fruits de l’Esprit-Saint. La charité ne laisse pas subsister en toi de vallée, et, si tu possèdes la paix, la patience et la bonté, non seulement tu cesseras d’être vallée, mais tu commences à devenir montagne de Dieu.

       La prophétie continue : Tout ce qui était tortueux deviendra droit. Chacun de nous était tortueux, et la venue du Christ, qui s’accomplit jusqu’en notre âme, a redressé tout ce qui était tortueux. A quoi te sert, en effet, que le Christ soit venu dans la chair, s’il n’est pas venu aussi en ton âme ? Frères, prions pour que, chaque jour, sa venue s’accomplisse en nous et que nous puissions dire : Je vis, mais ce n’est plus moi qui vis, c’est le Christ qui vit en moi. Car si le Christ vit en saint Paul et s’il ne vit pas en moi, quel avantage y a-t-il pour moi ? Mais lorsque le Christ sera également venu en moi et que j’en aurai bénéficié comme Paul en a bénéficié, je pourrai dire moi aussi comme saint Paul : Je vis, mais ce n’est plus moi qui vis, c’est le Christ qui vit en moi.

       Voyons encore tout ce qui est annoncé à l’avènement du Christ. Avant son avènement, rien n’était plus raide que toi : regarde tes passions de naguère, ton emportement, et tes autres défauts, si toutefois ils ont disparu : tu comprendras que rien n’était plus raide que toi, que rien n’était plus raboteux. Ta conduite était raboteuse, tes paroles et tes actions étaient raboteuses. Mais le Seigneur Jésus est venu, il a aplani tes aspérités, il a changé en routes droites toute la confusion qui était en toi pour un chemin sans heurts, bien uni, propre, droit pour que Dieu puisse marcher avec toi et que le Seigneur fasse en toi sa demeure et dise : Mon Père et moi, nous viendrons et nous ferons en toi notre demeure.