Isaïe 35, 1-10

« Le boiteux bondira comme un cerf »

Saint Augustin

Troisième discours sur le psaume 103, OC 14, p. 312s

       Les hautes montagnes sont pour les cerfs. Ces grands cerfs désignent les hommes spirituels qui franchissent, dans leur course, les épines et les broussailles des forêts. C’est Dieu, dit le prophète, qui a rendu mes pieds légers comme ceux du cerf, c’est Dieu qui m’a établi sur les hauts lieux. Qu’ils se tiennent sur les montagnes escarpées, sur les préceptes les plus relevés du Seigneur, qu’ils en méditent les profondeurs, qu’ils se tiennent sur les hauteurs des Saintes Ecritures, qu’il acquièrent la perfection dans ces cimes audacieuses : les hauteurs sont pour les cerfs.

       Mais que deviendront les animaux inférieurs ? Les lièvres, les hérissons ? Le lièvre est un animal petit et faible, le hérisson est couvert d’épines : l’un est donc un animal timide, l’autre un animal épineux. Que signifient les épines, sinon le péché ? Quiconque tombe chaque jour dans le péché, ces péchés fussent-ils très légers, est dès lors couvert de petites épines. S’il craint, c’est un lièvre ; s’il est couvert de péchés légers, c’est un hérisson : dès lors, il ne peut se tenir ferme dans les préceptes d’une sublime perfection. Car ces hauteurs sont pour les cerfs. Ces faibles périssent-ils pour cela ? Non, car la pierre est le refuge des hérissons et des lièvres. La pierre, le rocher, le roc, c’est le Christ ; le Seigneur est donc un refuge, le refuge, pour le pauvre. Mettez ce rocher sur la terre, il sera le refuge des hérissons et des lièvres. Le Seigneur est donc utile sur la pierre, donc aussi sur les montagnes, lesquelles tomberaient dans l’abîme si elles n’étaient pas soutenues par les rochers qui en sont la base. N’est-il pas dit à propos des montagnes : C’est là qu’habiteront les oiseaux du ciel, qui feront entendre leurs voix du milieu de la pierre ? Partout donc la pierre, le Christ, est pour nous un refuge, sur les montagnes comme sur la terre qu’elle affermit : elle est l’asile des cerfs, des lièvres et des hérissons.

       Que les lièvres se battent la poitrine, que les hérissons confessent leurs péchés : bien qu’ils se recouvrent chaque jour de fautes légères, la pierre ne leur manquera point pour leur apprendre à dire : Remets nous nos dettes, comme nous les remettons à ceux qui nous doivent.