Romains 6, 1-11

Mort et vie avec Jésus Christ

Saint Syméon le nouveau théologien

Catéchèses XIII, SC 104, p. 192s

       Voyons ce qu’est le mystère de la résurrection du Christ notre Dieu qui, sans cesse, pour nous qui le voulons, se renouvelle mystiquement en nous. Voyons comment il est mis au tombeau en nous ; voyons comment, uni à nos âmes, il ressuscite, et nous ressuscitons nous aussi avec lui.

       Le Christ notre Dieu, après avoir été suspendu à la croix et avoir cloué sur elle le péché du monde, après avoir goûté la mort, descendit au plus profond des enfers. De même en remontant des enfers, il rentra dans son corps immaculé, dont d’ailleurs en descendant là-bas il ne s’était nullement séparé ; aussitôt, il ressuscita d’entre les morts avant de monter aux cieux avec grande gloire et puissance. De même, maintenant encore, quand nous sortons du monde, et, par assimilation aux souffrances du Seigneur, entrons dans le tombeau de la pénitence et de l’humilité, c’est lui qui descend des cieux, et entre, comme en une sépulture, dans notre corps, c’est lui qui s’unit à notre âme, et, de morte qu’elle était incontestablement, la fait ressusciter, rendant celui qui est ainsi ressuscité avec le Christ capable désormais de voir la gloire de sa mystique résurrection.

       La résurrection du Christ est donc notre résurrection, à nous qui gisons à terre. Car pour lui qui n’est jamais tombé dans le péché, comme il est écrit, et n’a absolument rien aliéné de sa propre gloire, comment ressuscitera-t-il jamais ou sera-t-il glorifié, lui perpétuellement plus que glorifié, lui qui par-dessus toute puissance et domination demeure le même ? Mais c’est, je le répète, notre gloire à nous que la résurrection et la gloire du Christ ; c’est elle qui, par sa résurrection en nous, se produit, se montre et se fait voir à nous, car s’étant une fois approprié ce qui nous appartient, tout ce qu’il fait lui-même en nous, il se l’attribue à lui-même. Or, la résurrection de l’âme, c’est l’union avec la vie : de même en effet que le corps mort, à moins de recevoir en lui l’âme vivante et de lui être mêlé sans mélange, n’est pas réputé vivre et ne peut vivre, l’âme non plus, seule et par elle-même, ne peut vivre à moins d’être, de manière ineffable et sans confusion, unie à Dieu, la véritable vie éternelle.