Missions des frères Cyrille et Méthode

Pape Benoît XVI

Audience générale du 17 juin 2009, http://w2.vatican.va

       Cyrille et Méthode, deux frères de sang, après de brillantes études, s’étaient retirés dans un monastère pour méditer et prier. Vers 861, le gouvernement impérial les chargea d’une mission auprès des Khazars de la Mer d’Azov. Ils s’arrêtèrent en Crimée pour y apprendre l’hébreu. Là, ils recherchèrent le corps du pape Clément I qui y avait été exilé.

       De retour à Constantinople, les deux frères furent envoyés en Moravie par l’empereur Michel III, auquel le prince moldave Ratislav avait adressé une requête précise : Notre peuple observe la loi chrétienne, mais nous n’avons pas de maître qui soit en mesure de nous expliquer la véritable foi dans notre langue. Leur mission connut très vite un succès insolite : en traduisant la liturgie dans la langue slave, les deux frères gagnèrent une grande sympathie auprès du peuple.

       Toutefois, cela suscita, à leur égard, l’hostilité du clergé franc qui était arrivé précédemment en Moravie, et qui considérait le territoire comme appartenant à sa juridiction ecclésiale. Pour se justifier, en 867, les deux frères se rendirent à Rome. Au cours du voyage, ils s’arrêtèrent à Venise, où eut lieu une discussion animée avec les défenseurs de ce que l’on appelait « l’hérésie trilingue : ceux-ci considéraient qu’il n’y avait que trois langues dans lesquelles on pouvait licitement louer Dieu : l’hébreu, le grec et le latin. Bien sûr, les deux frères s’opposèrent à cela avec force. A Rome, Cyrille et Méthode furent reçus par le pape Adrien II, qui alla à leur rencontre en procession pour accueillir dignement les reliques de saint Clément. A partir du milieu du premier millénaire, en effet, les slaves s’étaient installés en très grand nombre sur ces territoires placés entre les deux parties de l’Empire romain, déjà en tension entre elles. Le Pape compris que les peuples slaves auraient pu jouer le rôle de pont, contribuant ainsi à maintenir l’union entre les chrétiens de l’une et l’autre partie de l’Empire. Il n’hésita donc pas à approuver la mission des deux frères dans le Grande Moravie, en acceptant l’usage de la langue slave dans la liturgie. Les livres slaves furent déposés sur l’autel de Sainte-Marie-Majeure, et la liturgie en langue slave fut célébrée dans les basiliques romaines.

               Malheureusement, à Rome, Cyrille tomba gravement malade. Sentant sa mort s’approcher, il voulut se consacrer entièrement à Dieu comme moine dans l’un des monastères grecs de Rome, et prit le nom monastique de Cyrille, son nom de baptême était Constantin. Il pria ensuite son frère Méthode, consacré depuis peu évêque, de ne pas abandonner la mission en Moravie et de retourner parmi ces populations.