1 Corinthiens 8, 1-13

« La science enfle, mais la charité édifie »

Saint Jean Chrysostome

Homélies sur les deux épîtres aux Corinthiens, OC 16, p. 558s

       Que vient de nous dire saint Paul ? Que nous avons tous la science, certes, mais il ajoute : La science enfle, la charité édifie. C’est donc que la science sans la charité est un principe d’orgueil. Mais direz-vous, la charité sans la science n’est pas plus utile ! Paul ne le nie pas : laissant de côté ce qui est évident, il se contente de dire que la science a besoin d’être unie à la charité. Celui qui aime accomplit le premier de tous les commandements, et, encore qu’il soit imparfait, par la charité il arrivera facilement à la science. Mais on a beau avoir la science, si on n’a pas la charité, , elle demeure stérile ; je ne dis pas assez, elle ruine par l’orgueil qu’elle engendre le peu de charité à laquelle elle se trouve unie. La science ne produit donc pas la charité, au contraire, elle la détruit dans une âme inconsidérée en la livrant au souffle de la vaine gloire. L’orgueil est un principe de division ; la charité unit les âmes et les dispose à la science. Si quelqu’un aime Dieu, dit l’Apôtre, il est connu de Dieu. Loin de moi, dès lors, semble-t-il dire, la pensée de condamner la science parfaite. Ce que je veux, c’est que la science ne marche jamais sans la charité ; au lieu d’être utile, elle serait toujours funeste.

       C’est ainsi qu’il prélude à ce qu’il va dire de la charité. Le défaut de charité, et non la science parfaite, telle est la source de tous les maux qu’il signale : de là les dissensions, l’orgueil insensé et tous les vices qu’il leur a  reprochés ou qu’il leur reprochera dans la suite. Aussi que de fois ne parle-t-il pas de la charité, rendant plus pure la source de tous les biens ! Pourquoi donc êtes-vous enflés de votre science, dit l’Apôtre ? Si vous n’avez pas la charité, le science vous sera nuisible ; quoi de pire, en effet, que l’arrogance ? Mais, avec la charité, la science elle-même sera sûre. Qu’importe que vous soyez plus instruit que votre frère ! Aimez-le, au lieu de vous enorgueillir, vous l’instruirez et l’élèverez au point où vous êtes. Ainsi s’explique ces paroles : La science enfle, et ces autres : Mais la charité édifie. Il ne dit pas seulement : elle est modeste ; il va plus loin, et ses paroles expriment  quelque chose de plus. Il oppose la charité à la science, qui non seulement était un principe d’orgueil, mais de division.