Colossiens 3, 1-17

« Votre vie est cachée avec le Christ en Dieu… »

Père Gilles Gaide

« Le Christ, votre vie », AS 21, p. 86s

        La vie nouvelle communiquée par le Christ ressuscité est bien autre chose qu’une simple prolongation de la vie antérieure, comme ce fut le cas pour Lazare, la fille de Jaïre ou l’enfant de la veuve de Sarepta. Il s’agit d’une vie vraiment nouvelle, animée par un tout autre principe.

        Paul s’en est expliqué dans sa première lettre aux Corinthiens : il y a pour les hommes deux principes de vie. Adam nous transmet une vie terrestre et mortelle, chargée d’un lourd héritage de péché, comportant ignorance de l’esprit, faiblesse de la chair et souffrance. Jésus, second Adam, nous communique sa propre vie, la vie divine. Vie céleste, puisque lui-même est monté en précurseur s’asseoir à la droite du Père. Le second Adam n’est plus le Christ qui meurt dans la faiblesse de sa chair, mais l’Homme céleste parvenu au midi de sa vie divine dans la résurrection, et qui, face à notre ancêtre charnel, engendre la vie glorieuse.

        La transformation, qui s’est opérée au fond de notre être, ne se voit pas de l’extérieur ; elle reste voilée aux yeux de la chair. Rien d’étonnant, car elle a toute sa consistance en Dieu qui est invisible. Comme au jour de l’Ascension, le Christ a été soustrait par une nuée à la vue des disciples ; de même la vie véritable de l’homme, devenu membre du Christ par le baptême, demeure cachée aux yeux du monde, et même aux yeux de Celui qui en est gratifié.

        Cette vie, elle est vécue par nous dans la foi et non dans la vision. Nous en avons bien une certaine conscience, mais d’une manière confuse, imparfaite, comme dans un miroir. Une telle situation, bien que transitoire, s’avère nécessaire pour que nous soyons éprouvés et que se manifeste le fond de notre cœur. L’union pleinement béatifiante avec Dieu n’est possible qu’à partir du moment où l’homme a vraiment prouvé qu’il l’aimait par-dessus tout, en choisissant la volonté divine de préférence à la volonté de la chair, sans être encore fasciné par la vue de Dieu face à face. Néanmoins, nous possédons déjà les arrhes de l’Esprit. Le bonheur que le Père nous destine, nous ne pouvons le goûter tout de suite : il faut d’abord l’espérer.