Luc 23, 50-56

Joseph le déposa dans un sépulcre

Saint Jean Damascène

Homélie pour le Samedi Saint 3,21-24, PG 96, 603-623

        Que c’est étrange ! Celui qui trône sur les chérubins en tant que Dieu a été suspendu à la croix comme un condamné. Alors qu’Il est la vie de tous les hommes, eux tous, ces meurtriers de Dieu, L’ont vu pendu sur le bois et n’ont pas cru ! Ils ont fermé les yeux et se sont bouché les oreilles !

        Celui, qui avait façonné l’homme de ses mains divines, a tendu tout le jour des mains pures vers un peuple rebelle qui suivait une voie mauvaise, et, maintenant, Il remet son âme entre les mains du Père.

        Le côté, de Celui qui a créé Eve de la côte d’Adam, est percé d’une lance ; l’eau et le sang divins en coulent, boisson d’immortalité et baptême de renouveau.

        Le soleil s’obscurcit de honte, ne pouvant plus voir les outrages infligés au Soleil de justice.

        La terre tremble, aspergée du sang du Seigneur, purifiée de la sanie de l’idolâtrie et bondissant de joie d’être purifiée.

        Celui qui avait insufflé un souffle de vie dans Adam, et qui avait fait de lui un être vivant, est déposé dans un tombeau, mort, sans souffle.

        Celui qui avait condamné l’homme à retourner à la terre, est compté parmi ceux qui sont oubliés dans la terre.

        Les portes d’airain sont brisées, les verrous de fer arrachés. Les portes éternelles s’ouvrent, le gardien des enfers frémit. Car Celui qui était libre du péché a compté parmi les morts.

        Celui, qui avait détaché Lazare de ses liens, est enveloppé de bandelettes, pour détacher de ses chaînes l’homme mort par suite du péché, et le renvoyer libre, lui qui était enserré de liens.

        Maintenant, le Roi de gloire descend vers le Tyran. Maintenant la Parole descend vers le Serpent. Le petit enfant qui nous est né et qui nous a été donné, descend dans le trou de l’aspic, l’étrangle et le tue, réduisant à néant sa violence et son orgueil. Maintenant les enfers deviennent ciel, le séjour des morts est rempli de lumière, les ténèbres qui autrefois faisaient peur, s’éloignent, et les aveugles recouvrent la vue. Car le Soleil levant, lumière d’en haut, est apparu à ceux qui sont assis dans les ténèbres et à l’ombre de la mort.

        Il avait revêtu nos premiers parents d’une tunique de peaux ; Il s’est dénudé volontairement sur la croix pour nous dévêtir de notre mortalité et nous revêtir de la belle robe de l’incorruptibilité. Il a donné sa robe en partage aux soldats, mais, ressuscité des morts, Il sera lui-même la robe des fidèles dans le saint baptême.

        Ô, vous tous qui avez été baptisés en Christ, vous avez revêtu le Christ !