Lamentations 5, 1-22

Le Grand Sabbat

Pères Bossuyt et Radermakers

Jésus, Parole de la grâce selon saint Luc, tome 2, p. 505s

        Au terme de la Passion, le corps de Jésus a été déposé à cette place unique où personne encore n’avait été mis. Les étoiles commencent à luire, et déjà, dans les maisons, on allume les lumières du sabbat : une nouvelle création s’annonce. C’est la préparation de la fête. Les femmes venues de Galilée avec Jésus sont à nouveau nommées : elles observent comment le corps a été disposé dans le tombeau qui devient lieu du souvenir ou mémorial : mémorial de la mort de Jésus. Il pourra l’être de la Résurrection.

        Ensuite, ces femmes préparent aromates et parfums, sans que Luc mentionne que c’est pour en oindre le corps de Jésus. C’est la troisième fois que l’évangile lucanien nous parle d’apprêts. Ayant tout préparé, les femmes gardent le grand repos du Sabbat, comme le Créateur au septième jour.

        Notre évangéliste conçoit, en effet, le sabbat comme le jour de l’achèvement de la création, l’entrée dans l’ère de l’accomplissement messianique ; ainsi le signalent la prédication et les guérisons de Jésus. Est-ce parce qu’une vie nouvelle est en train de naître que le corps du Seigneur Jésus n’est plus à trouver au tombeau ? Telle est la situation à décrypter. Pour qui sait lire, elle contient le sens de nos histoires, aussi clairement que la dernière parole de Jésus. Ce sens est déjà tout entier dans le fait que les lumières du Grand Sabbat commencent à briller sur un corps enfoui au cœur de la terre. Remis entre les mains de son Père, il est tellement mêlé à nos histoires qu’on ne peut plus le trouver.

        Mémoire de la Passion, début du Grand Sabbat : le contraste et violent. Mais il n’y a aucune pointe de regret, aucun retour au passé. Au contraire : une absence se creuse tandis qu’un passage se fraie : passage à la reconnaissance qui fonde le témoignage. Le malfaiteur, le centurion, le conseiller Joseph d’Arimathie ont fait confiance. Par son chemin vers le Père, Jésus mène cette confiance jusqu’à la pleine reconnaissance. C’est un chemin, il y fait du temps. Mais peu à peu grandit une réalité ; déjà la Passion selon saint Luc a ouvert une grand espérance. Bientôt la nécessité, elle-même à laquelle Jésus a été soumis, apparaîtra comme grâce. Cette nécessité sera, en lui, comme un chemin de Vie.