Matthieu 28, 8-15

L’apparition aux saintes femmes

Saint Pierre Chrysologue

Sermon 82, Site jesusmarie.fr

        Je sais que vous cherchez Jésus le Crucifié. Il n’est pas ici ; il s’est relevé, selon ce qu’il avait dit. Venez voir l’endroit où le Seigneur avait été déposé. Soyez sans crainte, vous. L’amour possède les bons, la peur les mauvais. La crainte met les impies en fuite ; ceux qui sont pieux, leur affection les réconforte. Soyez sans crainte, vous. Qu’il craigne plutôt le juif qui a trahi. Qu’il craigne, Pilate qui a rendu la sentence. Qu’il craigne, le soldat qui s’est moqué. Et l’impie qui a crucifié, et l’homme sans pitié qui a tendu la coupe amère, et le fou furieux qui a mis le blocus devant un cadavre enseveli. Le manque de sens humain s’afflige de ce que le Maître soit ressuscité, et non de l’avoir tué. Oui, qu’ils craignent tous ceux-là ! Mais à vous convient la joie et non la crainte, puisqu’il est ressuscité celui que vous cherchiez mort ; il vit celui dont vous avez pleuré le meurtre. Je sais que vous cherchez Jésus le crucifié : pourquoi cherchez-vous parmi les morts celui qui donne la vie ? Pourquoi cherchez-vous la vie dans un tombeau ? Allez plutôt à la rencontre du Vivant ; ne vous empressez plus à rendre vos hommages funèbres.

        Je sais que vous cherchez Jésus le Crucifié, il n’est pas ici. Ainsi parle l’ange, lui qui, pour cette raison, a ouvert le tombeau. Ce n’était pas pour en faire sortir le Christ, qui déjà n’y était plus, mais pour faire savoir que le Christ n’y était plus. Il s’est relevé, selon ce qu’il avait dit. La puissance est égale à revenir de chez les morts, et à savoir l’avenir d’avance. Venez voir l’endroit où le Seigneur avait été déposé. Venez, femmes, venez. Voyez où vous, vous aviez déposé Adam, où vous avez enseveli le genre humain. C’est vous qui avez fait du Seigneur lui-même un gisant pour ses serviteurs. Comprenez qu’aussi grand a été son pardon à votre égard que grande a été l’injustice faite au Seigneur. Venez voir l’endroit où le Seigneur a été déposé. La force de l’ange confesse l’existence d’un Seigneur Crucifié ; et la faiblesse des hommes met en doute que le Seigneur soit ressuscité ! C’est ainsi que le Christ reçoit les souffrances de l’homme, sans perdre pour autant ce qu’il tient de sa divinité.

        Et vite, allez dire à ses disciples qu’il vous précède en Galilée ; c’est là que vous le verrez. Ici les apôtres ne sont pas placés auprès des femmes. Portant une nouvelle de vie, les femmes, elles, portent celle de la résurrection, elle qui avait été porteuse d’une nouvelle de mort et de ruine.