Apocalypse 7, 1-17

le sixieme sceau

Eugenio Corsini

L’Apocalypse maintenant, p. 141s

        Avec le sixième sceau, Jean veut représenter la totalité des interventions salvifiques de Dieu en faveur des hommes. Pour ce faire, il met en évidence deux interventions capitales : celle qui a concerné le peuple hébreu (la libération d’Egypte, l’alliance au Sinaï, le don de la Loi et la promesse messianique), et celle qui s’est réalisée en Jésus-Christ (le salut de tous les hommes qui étaient soumis au péché et au pouvoir de Satan, et la nouvelle alliance).

        Ces deux interventions de Dieu sont vues en continuité, presque comme les phases d’une seule, en sorte que la première apparaît comme l’annonce, la préparation et la préfiguration de la seconde. On comprend alors pourquoi l’exposé du sixième sceau, tout en incluant la représentation de l’économie ancienne (les cent quarante-quatre mille des tribus d’Israël, marqués au front) est mis d’emblée sous l’enseigne du grand tremblement de terre et de la catastrophe cosmique (obscurcissement du soleil et de la lune, chute des étoiles), l’un et l’autre signes spécifiques de la mort du Christ en laquelle a culminé la seconde intervention divine.

        Le nombre des marqués et leur provenance confirment que la scène de la marque au front concerne l’économie ancienne. Bien que symbolique, le nombre est précis et relativement restreint, indiquant une sélection sévère. La provenance se limite aux tribus des fils d’Israël. Jean anticipe ici, implicitement, deux traits négatifs, qu’il impute à l’économie ancienne : le petit nombre de sauvés et sa limitation à des membres du peuple hébreu.

        Tout au long de ce chapitre sont représentés les effets positifs du jugement divin. La description s’articule en deux scènes qui s’enchaînent et s’opposent à la fois : les cent quarante-quatre mille serviteurs de Dieu sont marqués au front, puis une foule immense apparaît, vêtue de blanc. De ce peuple nouveau, l’Ancien célèbre la condition heureuse en des mots et des concepts qui seront repris souvent et développés dans la partie finale de l’Apocalypse, la description de la nouvelle Jérusalem. L’idée centrale, c’est que les membres de ce peuple rendront à Dieu et à l’Agneau un culte permanent, car Dieu habitera au milieu d’eux. Dès lors, toutes leurs aspirations spirituelles (vie, vérité, justice) seront comblées.