Romains 8, 28-39

« Qui accusera les élus de Dieu ? »Paul VI

Saint Jean Chrysostome

Homélie 15 sur la lettre aux Romains, OC 16, p. 63

        L’apôtre Paul ici s’adresse à ceux qui soutenaient l’inutilité de a foi, et qui ne voulaient pas croire aux conversions soudaines. Pour leur fermer la bouche, il leur oppose la grandeur de celui qui nous appelle. Il ne dit pas : Qui accusera les serviteurs de Dieu, les fidèles de Dieu ? Mais, les élus de Dieu. L’élection est une preuve de vertu. Si l’on n’ose faire des reproches à l’écuyer quand il a choisi les jeunes chevaux qu’il estime propres à la course, et quiconque lui adresserait des observations se couvrirait par là de ridicule ; à plus forte raison se couvriraient-ils de ridicule  ceux qui oseraient accuser le Seigneur  d’avoir choisi certaines âmes. C’est Dieu lui-même qui justifie. Qui les condamnera ? Il n’y a pas : c’est Dieu qui remet les péchés ; il y en a : C’est Dieu lui-même qui justifie. Quand le juge, et un juge tel que celui-là, s’est prononcé, quand il a déclaré juste celui qui est mis en cause, qui oserait persister dans son accusation ? nous ne devons donc pas redouter les épreuves ; nous avons Dieu pour nous, et il nous l’a montré par sa conduite. Nous ne devons pas redouter les vains propos des Juifs comme ceux des païens, car c’est Dieu qui nous a choisis, justifiés, et, ce qu’il y a de plus remarquable, il nous a justifiés par la mort de son Fils. Qui donc nous condamnerait, alors que Dieu nous couronne, alors que le Christ a donné son sang pour nous, et que, non content de l’avoir versé, il daigne intercéder pour nous ? Le Christ qui est mort, le Christ qui est ressuscité d’entre les morts, qui est assis à la droite de Dieu, intercède encore pour nous ? Quoiqu’il ait été revêtu de la gloire à laquelle il avait droit, il n’a pas cessé de nous environner  de toute sa tendresse, et il continue à nous aimer au même degré, et il intercède pour nous auprès de Dieu. Comme s’il ne lui eût pas suffi de donner sa vie, marque d’amour telle cependant qu’il n’en saurait exister de plus grande, il ne veut pas être seul à s’occuper de nos intérêts, il fait appel à la sollicitude d’autrui. C’est là ce que veut dire l’apôtre par le mot intercéder ; car cette expression, par elle-même trop humaine et trop humble, a pour but de déclarer l’amour que le Christ nous a voué, j’en dirai tout autant de l’expression : Il n’a pas épargné, laquelle ne saurait être entendue autrement sans engendrer une foule de conséquences inadmissibles.