1 Samuel 1, 1-19

La prière d’Anne Paul VI

Saint Jean Chrysostome

Discours 2 sur Anne, n° 1-3

        Rien de comparable à la prière, mes bien-aimés, rien de plus puissant que la foi ! Ces deux vérités, l’histoire d’Anne les met en lumière pour nous. C’est avec sa prière et sa foi pour toute offrande qu’elle se présenta devant Dieu, et elle obtint pleinement ce qu’elle désirait : sa stérilité fut guérie, elle put concevoir, sa honte fut effacée. Tous, vous avez entendu raconter comment elle pria et supplia, comment elle toucha le Seigneur, et reçut ce qu’elle demandait : elle mit au monde Samuel, elle l’éleva et le consacra au Seigneur.

        Tandis qu’elle multipliait ses prières devant le Seigneur, dit l’Ecriture, Eli, le grand prêtre observait sa bouche. L’écrivain sacré nous montre en cette femme un double mérite : d’abord sa persévérance dans la prière : elle multipliait ses prières, dit le texte ; ensuite la vigilance de son esprit : devant le Seigneur est-il précisé. Tous, certes, nous prions, mais prions-nous tous devant Dieu ? Celui qui prie devant le Seigneur rassemble parfaitement son cœur dans la prière : coupant court à toute préoccupation terrestre, se transportant dans le ciel, il rejette loin de lui les pensées trop humaines. Voilà comment priait Anne : toute recueillie, l’esprit tendu vers Dieu, elle l’invoquait dans l’amertume de son cœur.

        Elle ne s’étendait pas en long discours, elle se bornait à quelques paroles : Adonaï, Seigneur, Eloï Sabaoth, si tu voulais jeter les yeux sur ton humble servante, te souvenir de moi, ne pas oublier ta servante, et donner à ta servante un petit d’homme, je te le donnerai pour toute sa vie, comme consacré en ta présence. Est-ce là abondance de paroles ? C’est qu’Anne répétait continuellement les mêmes phrases, et, sans se lasser, elle passait beaucoup de temps à faire entendre les mêmes expressions.

        N’est-ce pas la manière de prier que le Christ a recommandé dans les Evangiles ? Il nous apprenait que ce n’est pas dans la multiplicité des paroles, mais par la vigilance de l’esprit que nous obtiendrons d’être exaucés. Telle fut la prière de cette femme : on n’entendait pas sa voix, mais Dieu l’exauça, tant le cri de son cœur fut ardent.