Proverbes 31, 10-31

Sainte Marie-MadeleinePaul VI

Père Denis Buzy

Saints et saintes de l’Evangile, p. 159s

         Parmi les saintes femmes de Galilée qui accompagnaient Notre Seigneur dans ses voyages et dont il avait guéri certaines, saint Luc nomme en premier lieu Marie, dite Madeleine, qui, elle, avait été guérie de sept démons. Elle était, de toutes, la plus ardente et la plus généreuse. A la mort et à la résurrection du Sauveur, elle se révéla la plus fidèle, la plus intelligente, la plus aimable. C’est l’héroïne du jour de Pâque. Le matin de Pâque, elles partent ensemble au tombeau dans le dessein d’y compléter l’embaumement par trop sommaire et hâtif de leur Maître bien-aimé.

        En arrivant, elles trouvent la grosse pierre du tombeau roulée de côté et le tombeau vide. Aussitôt, chacune d’elles de réagir selon son tempérament. Tandis que ses compagnes restent sur place interdites, incertaines, Marie-Madeleine, mue comme par un ressort, s’en revient en courant à la Ville sainte. Dès lors, durant toute cette matinée historique, sans plus s’occuper des autres, elle fait bande à part, seule avec les exigences de sa foi et de son amour. Sans le savoir, elle devient ainsi le premier témoin du fait et du dogme de la Résurrection.

        A la différence du groupe des Galiléennes qui se montrent irrésolues devant des événements et des obligations qui les dépassent, Marie-Madeleine n’a pas un instant d’hésitation : elle voit aussitôt ce qu’elle doit faire, et elle le fait, emportée par son ardeur très sûre, en courant.

De quoi sert aux Galiléennes de voir le tombeau vide et d’apercevoir des anges qui leur confient des messages, si elles ne savent qu’en faire, si elles restent partagées entre la crainte et la joie, si elles sont toutes tremblantes et hors d’elles-mêmes, et si elles ne disent rien à personne, tellement elles avaient peur ?

Marie-Madeleine a compris sur le champ que le fait du tombeau vide regardait en premier lieu, non de simples femmes sans mandat, mais les Apôtres, disciples du Crucifié. Ainsi faisant, elle se montre pourvue d’un sens ecclésiastique et théologique, dont elle reste le modèle à travers les âges.

        A partir de ce moment, elle s’efface ; seuls comptent les deux apôtres qu’elle est allée quérir. Eux aussi vont courir, parce que la nouvelle du tombeau vide, en ce matin de Pâques, ne pouvait laisser personne à son calme habituel.