Luc 10, 38-42

Marthe et MariePaul VI

Saint Ambroise de Milan

Traité sur l’évangile de Luc, SC 52, p. 36s

         Avec la parabole du bon Samaritain, juste avant l’évangile de ce jour, il a été question de la miséricorde. Il n’y a pas qu’une seule manière d’être vertueux ! L’évangéliste Luc nous montre ensuite, par l’exemple de Marthe et de Marie, dans les œuvres de l’une le dévouement actif, chez l’autre l’attention religieuse de l’âme à la parole de Dieu. Si la parole divine est conforme à la foi, elle passe avant les œuvres elles-mêmes, ainsi qu’il est écrit : Marie a choisi la meilleure part qui ne lui sera pas enlevée. Etudions-nous donc, nous aussi, à posséder ce que nul ne pourra nous enlever, en prêtant une oreille non pas distraite, mais attentive, car il arrive au grain même de la parole céleste d’être dérobé, s’il est semé le long de la route. Soyez, comme Marie, animé du désir de la sagesse : c’est une œuvre plus grande, plus parfaite. Que le soin du ministère n’empêche pas la connaissance de la parole céleste. Ne reprenez pas et ne jugez pas oisifs ceux que vous verrez occupés de la sagesse, car Salomon le pacifique a cherché à l’avoir en sa demeure.

        Pourtant, on ne reproche pas à Marthe ses bons offices ; mais Marie a la préférence pour avoir choisi une meilleure part. Car Jésus a de multiples richesses et fait de multiples largesses : aussi la plus sage a choisi ce qu’elle a reconnu être le principal. Par ailleurs, les Apôtres n’ont pas jugé qu’il fût pour le mieux de délaisser la parole de Dieu et de servir aux tables ; mais les deux choses sont œuvre de sagesse, car Etienne aussi était rempli de sagesse et fut choisi comme serviteur. Donc que celui qui sert obéisse au docteur et que le docteur exhorte et anime celui qui sert. Car le corps de l’Eglise est un, si les membres sont divers ; ils ont besoin l’un de l’autre : L’œil ne saurait dire à la main : je ne désire pas tes services, ni même de la tête aux pieds, et l’oreille ne saurait nier qu’elle soit du corps. Car s’il en est de principaux, les autres sont nécessaires. La sagesse réside dans la tête, l’activité dans les mains, car les yeux du sage sont dans sa tête, puisque le vrai sage est celui dont l’esprit est dans le Christ, et dont l’œil intérieur est levé vers les hauteurs ; aussi les yeux du sage sont dans sa tête, ceux du fou dans son talon.