2 Corinthiens 3,7 – 4,6

La Gloire de Dieu lors de la TransfigurationPaul VI

Hans Urs von Balthasar

La Gloire et la Croix, 3 : Théologie, Nouvelle Alliance, p. 276s

         Dans la relation de la Transfiguration chez saint Luc, nous voyons la Gloire de Dieu faire irruption de tous les côtés, atteindre les frontières de la vie terrestre de Jésus au point de les franchir. On doit se demander si Luc énonce par là une réalité objectivement nouvelle, ou ne fait qu’expliciter ce qui était aussi présent, sans être nommé, chez Marc et Matthieu. La Gloire visible enveloppe de sa clarté, avec l’ange de Noël, les bergers, et la troupe céleste rend Gloire à Dieu dans les hauteurs. Quand il représente le Saint-Esprit venant sur Marie et la puissance du Très-Haut la couvrant de son ombre, Luc pense certainement à la nuée de la Gloire sur le Tabernacle et sur le Temple. A la Présentation de Jésus se produit ce qu’avait annoncé Ezéchiel : le retour eschatologique de la Gloire de Dieu dans le sanctuaire, car Syméon chante : Mes yeux ont vu ton salut, lumière pour éclairer les nations et Gloire de ton peuple Israël.

        Plus encore, sur la montagne de la Transfiguration, non seulement Moïse et Elie apparaissent dans la Gloire, mais les trois disciples voient expressément sa Gloire, celle de Jésus lui-même. C’est une expression qu’avec une singulière insistance, Luc avait introduite aussi dans la déclaration eschatologique qui précède, et qui est répétée par le Ressuscité dans l’entretien avec les disciples d’Emmaüs : Ne fallait-il pas que le Christ endurât ces souffrances pour entrer dans sa Gloire ? Cependant, pour l’essentiel, Luc en reste au chiffre de l’Ancien Testament : la Gloire est avant tout la sphère divine qui fait irruption pour envelopper, même là où Marie devient le tabernacle vivant de l’Alliance et Jésus le Temple personnel : la frontière n’est franchie qu’à la Transfiguration qui paraît de quelque manière éclater de l’intérieur de Jésus en prière chez Luc. Mais il en était déjà ainsi chez Matthieu, où les vêtements  resplendissants qu’on trouve chez Marc, sont complétés par la face rayonnante comme le soleil. Brève, mais significative, cette expression amène à se demander si Luc ne donne pas simplement un nom à une réalité implicitement présente dans tous les synoptiques.