Luc 9, 28-36

Pierre et ses compagnons virent la Gloire de JésusPaul VI

Saint Jean Damascène

Homélie sur la Transfiguration, 2, 3,13, 17-18, PG 96, 548…573

         Aujourd’hui se manifeste ce que des yeux de chair ne peuvent voir : un corps terrestre rayonnant de la splendeur divine, un corps mortel manifestant la gloire de la divinité. Le Thabor jubile et se réjouit, montagne divine et sainte, car elle rivalise en grâce avec le ciel. Là, les apôtres choisis voient le Christ dans la gloire de son Royaume. Là, la résurrection des morts est manifestée à leur foi, et le Christ se montre Seigneur des morts et des vivants, lui qui fait paraître Moïse d’entre les morts, et qui prend pour témoin des vivants Elie, le cocher au souffle de feu. Là, les chefs des prophètes prophétisent encore, annonçant l’exode du Seigneur à travers la croix. Jadis au Sinaï, la fumée, la tempête, la ténèbre et le feu effrayant annonçaient que le donateur de la Loi était inaccessible, lui qui, comme une ombre, ne se laissait voir que de dos. Maintenant, tout ruisselle de lumière et de clarté.

        Tandis que s’accomplissent ces choses, et pour que le Christ soit révélé comme Seigneur de l’Ancienne et de la Nouvelle Alliance, pour que soit crue la résurrection des morts, et pour que Celui qui reçoit le témoignage du Père soit reconnu Seigneur des morts et des vivants, Moïse et Elie se tiennent comme des serviteurs aux côtés du Seigneur de gloire. Par les apôtres, leurs compagnons dans le service, ils sont vus parlant avec Lui. Moïse proclame : Ecoute, Israël spirituel, ce que l’Israël selon la chair n’a pu entendre : le Seigneur ton Dieu est un seul Seigneur, puisqu’il est un seul, connu en trois Personnes. Alors Elie répond : Celui-ci est Celui que jadis j’ai contemplé, incorporel comme une brise légère, je veux dire dans l’Esprit-Saint.

        Jadis, Moïse entrait dans la nuée divine, indiquant le caractère d’ombre de la Loi. Ne lit-on pas dans la lettre aux Hébreux : La Loi est l’ombre des choses à venir, non la vérité elle-même. Alors, Israël ne pouvait regarder intensément la gloire pourtant passagère du visage de Moïse ; mais, nous, le visage découvert, nous contemplons, comme dans un miroir, la gloire du Seigneur transfigurée de gloire en gloire par l’Esprit du Seigneur. C’est pourquoi une nuée, non plus de ténèbres mais lumineuse, les couvrit de son ombre. Car le mystère caché dès avant les siècles et les générations est révélé, et la gloire véritable se manifeste.

        Une voix sortit de la nuée et dit : Celui-ci est mon Fils bien-aimé, écoutez-le ! Il est mon Fils bien-aimé dès avant tous les siècles, le Fils unique qui éternellement procède de moi, qui est toujours de moi, en moi et avec moi. En lui j’ai mis ma bienveillance. Oui, par la bienveillance du Père, le Fils unique s’est fait chair ; par la bienveillance du Père, le Fils unique a opéré le salut du monde entier. La bienveillance du Père a forgé dans le Fils unique la communion de tous les hommes.