Siracide 39,1-14 ou 1 Thessaloniciens 2,1-20

La sainteté est toujours possiblePaul VI

 

Pape Benoît XVI

Les Pères de l’Eglise, p. 261s

        Une des œuvres de saint Grégoire est significative : au diacre et ami Pierre, convaincu que les coutumes étaient désormais corrompues au point de ne plus permettre le surgissement de saints, comme dans les siècles précédents, Grégoire démontre le contraire : la sainteté est toujours possible même dans les temps difficiles. Il le prouve en racontant la vie de contemporains ou de personnes disparues depuis peu, que l’on pouvait bien qualifier de saints, même s’ils n’étaient pas canonisés. La narration s’accompagne de réflexions théologiques et mystiques qui font du livre un texte hagiographique tout particulier, capable de fasciner des générations entières de lecteurs. Le matériau en est puisé dans les traditions populaires vivantes, dans un but d’édification et de formation, tout en attirant l’attention du lecteur sur une série de questions, parmi lesquelles le sens du miracle, l’interprétation de l’Ecriture, l’immortalité de l’âme, l’existence de l’enfer, la représentation de l’au-delà, autant de thèmes qui nécessitaient des éclaircissements appropriés. Le deuxième livre, entièrement consacré à la figure de Benoît de Nursie, est l’unique témoignage antique sur la vie du saint moine, dont il met en évidence  toute la beauté spirituelle.

        Dans le dessein théologique développé par Grégoire au long de ses œuvres, passé, présent et avenir sont relativisés. Ce qui compte pour lui, c’est tout le développement de l’histoire du salut, qui continue à se dérouler au travers de l’obscurité des méandres du temps. Il est tout à fait significatif de ce point de vue qu’il insère l’annonce de la conversion des Angles de Bretagne, les Anglais, au beau milieu du Commentaire moral de Job : à ses yeux, l’événement constituait une avancée du Royaume de Dieu dont traite l’Ecriture ; il pouvait donc, à bon droit, être mentionné dans le commentaire d’un livre sacré. Selon lui, les guides des communautés chrétiennes doivent se livrer à une relecture des événements fait à la lumière de la Parole de Dieu : dans ce but, le grand pontife ressent le devoir d’orienter pasteurs et fidèles sur l’itinéraire spirituel d’une lectio divina éclairée et concrète, insérée dans le contexte de leur propre vie.