Osée 10, 1-15

Tu vénères ce à quoi tu refuses de ressembler !Paul VI

Eusèbe le Gaulois

Sermon 53 sur le culte des idoles

        Dis-moi, si l’on te disait, lorsque tu vénères le bois ou la pierre : Tel est ton Dieu, ne penserais-tu pas qu’on t’insulte ? Ne croirais-tu pas qu’on t’offense ? Alors, tu n’as pas honte de vénérer ce à quoi tu refuses de ressembler, ce à quoi tu rougis t’être comparé ? Tu rends un culte à ce à quoi tu trouveras une malédiction épouvantable d’être assimilé ! C’est pourquoi la parole de Dieu confond la conscience d’impies tels que toi par cette imprécation du psaume : Les idoles des païens, or et argent ! Qu’ils deviennent comme elles tous ceux qui les font, ceux qui mettent leur foi en elles ! Cela étant, ne crains-tu pas d’égaler en majesté celui à qui tu refuses d’être assimilé ?

        Mais dis-tu, je ne vénère pas le bois ou la pierre, je vénère la divinité qui se cache dans le bois et la pierre. Mais alors, tu aurais autant de créateurs que de troncs d’arbre, autant de divinités que de pierres ! Et pourquoi laisser la terre de côté ? Pourquoi ne pas la considérer, elle aussi, comme une déesse, puisqu’elle t’a enfanté ?

        Sache-le, le vrai Dieu est invisible, mais il est présent. On ne le voit nulle part, mais lui regarde tout. Le vrai Dieu, tu dois l’adorer de toutes tes forces, lui que tu trouves en tous lieux et en tous temps, lorsque tu l’invoques. Il pénètre tout, il remplit tout ; il est entouré de tous côtés et excède toutes limites. Aucun mouvement, aucun déplacement ne le fait s’éloigner, ni s’approcher. Il est loin lorsque sa colère éclate, il est proche lorsqu’elle s’apaise. Le péché le rend absent, sa miséricorde présent. Il est repoussé par les fautes, trouvé par les mérites ; toujours caché et toujours au milieu de toi ; à la fois secret et offert à tous. Comme il est grand sans avoir de masse, il est reconnu de tous sans témoins. Il a préparé pour te servir la lumière et le soleil ; il a établi pour ton usage les profondeurs des océans et les étendues des terres. Ainsi tu peux connaître qui est celui que tu dois servir, par la grandeur même des créatures qui sont à ton service.

        Que ton âme craigne donc celui à qui rien n’est caché dans ta conscience ! Il te voit dans ses pensées, il te pénètre dans tes vouloirs, il t’écoute dans ton cœur, selon ce que dit le prophète : Quand tu auras fait ce qui plait à Dieu ; si tu l’appelles, le Seigneur te répondra et te dira : Me voici.