Osée 14, 2-10

« J’accomplis dans ma chair ce qui manque aux souffrances du Christ »Paul VI

Saint Jean Chrysostome

Homélie sur les saints martyrs, OC 4, p. 476s

 

        Régulièrement, la liturgie nous fait célébrer le souvenir des martyrs : en effet, le peuple des martyrs nous environne, je devrais dire l’armée le camp des martyrs, camp qui ne le cède en rien au camp des anges que vit le patriarche Jacob. Les martyrs et les anges n’ont de différence que celle des noms ; leur condition est la même : les anges habitent le ciel, les martyrs aussi ; les anges sont incorruptibles et immortels ; il en sera de même des martyrs. Mais les anges sont incorporels de leur nature. Qu’est-ce que cela ? Si les martyrs sont entourés d’un corps, ce corps est immortel. Ou plutôt, même avant l’immortalité, la mort du Christ pare le corps d’une beauté supérieure à l’immortalité. Le ciel, avec le cœur des astres pour parure, est moins resplendissant que le corps des martyrs paré du chœur brillant de leurs blessures. S’ils sont morts, ils n’en sont pour cela que plus glorieux, ayant reçu même avant l’immortalité leur récompense, et ayant été couronnés par la mort : Vous l’avez abaissée un peu au-dessous des anges ; vous l’avez couronnée de gloire et d’honneur, disait David, de la nature humaine. Mais, par son événement, le Christ a supprimé cette courte distance, ayant exterminé la mort par la mort. Pour moi, je ne m’appuierai pas sur cela, mais sur ce que la mort, qui faisait notre infériorité, est devenue pour nous un avantage. Si nous n’eussions pas été mortels, il n’y aurait pas eu de martyrs, en sorte que, si la mort n’avait pas existé, il n’y aurait pas eu de couronne ; si le trépas n’eût pas existé, il n’y aurait pas eu de martyrs ; si la mort n’eût pas existé, Paul n’aurait pas pu dire : Tous les jours, je meurs, par la gloire que je reçois de vous en Jésus-Christ. S’il n’y avait pas eu de mort, ni de corruption, le même apôtre n’aurait pas pu dire : Je me réjouis dans les maux que souffre pour vous, et j’accomplis dans ma chair ce qui manque aux souffrances du Christ. Ainsi donc, ne nous affligeons pas d’être mortels ; mais réjouissons-nous de ce que la mort nous a ouvert le stade du martyre, de ce que la corruption est devenue pour nous une source de récompense, de ce que nous avons là une occasion d’épreuves. Admirez cette sagesse avec laquelle Dieu a fait servir à notre honneur et à notre gloire le plus grand des maux, l’une de nos principales calamités, celle dont nous étions redevables au démon, la mort, veux-je dire, et comment il s’en sert pour conduire des athlètes à la couronne des martyrs.