Ezéchiel 13, 1-16

Vrais et faux prophètes

Robert Martin-Achard

Les prophètes et les livres prophétiques, p. 15s

        Le mot prophète vient du grec, attesté dès le cinquième siècle avant Jésus-Christ dans la langue classique : il désigne quelqu’un qui a mission d’annoncer, de communiquer, de faire connaître publiquement : son rôle le rapproche davantage du héraut, voire de l’interprète que du devin ; il est l’homme de la proclamation plutôt que de la prédiction.

        En présence d’un texte prophétique, il convient d’examiner l’authenticité de l’appel du prophète, et la légitimité de sa mission ; c’est tout le problème des faux prophètes. La plupart des témoins de Dieu ont eu des difficultés avec des prophètes qui prétendaient parler au nom du Dieu d’Israël. La confrontation a pris un tour dramatique avec plusieurs prophètes authentiques, notamment avec Ezéchiel : Dieu lui fait dire des paroles dures sur ces faux prophètes : Fils d’homme, prophétise contre ceux qui prophétisent de leur propre chef ; ainsi parle le Seigneur Dieu :   Malheur aux prophètes insensés qui suivent leur propre esprit sans rien voir ! Très courageusement, le jeune prophète attaque ses adversaires sur le terrain qu’ils ont eux-mêmes choisi, celui de la politique. Défenseurs de la patrie, tel est le rôle qu’aspirent à jouer ces fonctionnaires ; les interpellant directement, Ezéchiel dénonce leur incapacité et même leur couardise, ils sont tout simplement des menteurs.

        Certains prophètes en viennent même à se demander si ces faux prophètes ne sont pas réellement envoyés par un faux dieu à Jérusalem… Israël s’est donc trouvé dans l’obligation de se donner des critères pour distinguer la parole prophétique authentique de sa contrefaçon ; on en a proposé plusieurs : réalisation de la prophétie, attitude morale du porte-parole de Dieu, sa position vis-à-vis des autorités, de la tradition, du peuple, … Aucun de ces critères ne s’avère décisif et suffisant, car il est difficile de reconnaître a priori le vrai prophète du faux et de distinguer sans risque de se tromper le réel témoin de Dieu de son faussaire. L’attitude fondamentale du vrai prophète, celle qui le qualifie comme tel, est l’obéissance à une parole reçue et à celui qui la lui a confiée.