Matthieu 3, 1-12

« Préparez le chemin du Seigneur »

Saint Maxime de Turin

Homélie 65 pour le jour de la naissance de Jean Baptiste, PL 57, 385-388

        La Sainte Ecriture ne cesse de parler et de crier, comme il est écrit de Jean : Je suis la voix qui crie dans le désert. Jean  n’a pas seulement crié au temps où il disait aux pharisiens, en leur annonçant le Dieu Sauveur : Préparez le chemin du Seigneur, redressez les sentiers de notre Dieu ! Il crie encore pour nous et le tonnerre de sa voix roule dans le désert de nos péchés. Même s’il s’est endormi dans la sainte mort de son martyre, sa voix, elle, demeure toujours vivante. Aujourd’hui encore Jean Baptiste nous dit : Préparez les chemins du Seigneur, redressez ses sentiers. La Sainte Ecriture ne cesse de parler et de crier ; nous devons donc préparer les chemins du Seigneur, non au sens littéral, mais par la pureté de notre foi. Le Seigneur ne prend pas les chemins terrestres, mais s’avance dans le secret des esprits. C’est de ce chemin, que le Seigneur a l’habitude de prendre, que parle le prophète lorsqu’il dit : Préparez un chemin au Seigneur qui monte au-dessus du couchant : le Seigneur est son nom.

        Jean nous ordonne de préparer le chemin du Seigneur ; mais voyez quel chemin, lui-même, lui a préparé. En tout, il a ordonné et dirigé la trame de sa vie en fonction de la venue du Christ. IL fut, en effet, jeûneur, humble, pauvre et vierge. L’Evangéliste décrit ce genre de vie lorsqu’il dit : Jean avait un manteau de poils de chameau, un pagne autour des reins ; sa nourriture était de sauterelles et de miel sauvage. Je pense que tout ce comportement du prophète était lui-même prophétie. Jean est donc grand, lui  dont le Sauveur lui-même a loué la grandeur : Parmi les enfants des femmes, il n’en est pas de plus grand que Jean le Baptiste. Il a passé le pas sur tous les prophètes qui l’ont précédé, il dépasse tous les patriarches ; bref tout homme né d’une femme est inférieur à Jean le Baptiste.

        Jean est aussi appelé lampe selon la parole du Seigneur : Il était une lampe ardente. Avant son lever, le Soleil du monde a voulu être précédé d’une lampe, comme il est d’usage de le faire avant que le soleil ne se lève. Le Christ a donc une lampe qui précède sa venue comme dit le prophète : J’ai apprêté une lampe pour mon Christ. Et Jean Baptiste, comme la faible lampe qui précède la lumière du soleil, dit de lui-même : Après moi vient quelqu’un qui est plus grand que moi, et je ne suis pas digne de délier la courroie de sa sandale : lui-même vous baptisera dans l’Esprit-Saint et le feu. En même temps, il prédit que la clarté de sa lampe va devenir inutile et disparaître avec la venue du soleil : Il faut qu’il croisse et que je diminue. Le soleil rend inutile la lumière d’une lampe, et la venue de la grâce du Christ rend de même caduc le baptême de pénitence de Jean.