1 Corinthiens 2, 1-16

Qu’en est-il des personnes ?

Boèce

Courts traités de théologie, p. 59 : 117-119

          Si la personne se trouve dans les substances et seulement dans les substances rationnelles, et si toute substance est une nature qui n’existe que dans les individus et non dans les universels, alors la définition de la personne est toute trouvée : c’est une substance individuelle de nature rationnelle. Mais, pour cette définition, nous Latins avons désigné ce que les Grecs appellent hypostase.

            Je pose la question suivante : Le Père, le Fils et l’Esprit-Saint sont-ils attribués substantiellement à la divinité, ou le sont-ils selon quelque autre mode d’attribution ?

            Si, donc, je demande si celui qui est nommé Père est une substance ; si je demande si le Fils est une substance, la réponse sera qu’il est une substance ; et si je demande si le Fils est une substance, la réponse sera la même, et personne ne mettra en doute que l’Esprit-Saint ne soit aussi une substance. Et derechef, lorsque je réunis Père, Fils et Esprit-Saint, ce n’est pas plusieurs substances que j’ai présentées à l’esprit, mais une substance unique. Ainsi la substance unique des trois personnes ne peut en aucune façon être séparée ou disjointe, elle n’est pas une réunion, comme le serait celle de parties en un seul tout : elle est une, de façon absolue. Par suite, tout ce qui est attribué à la substance divine doit obligatoirement être commun à ces trois personnes, et ce sera là le signe de ce que doivent être ces attributs de la substance de la divinité, à savoir que tout ce qui se dit d’elle selon ce mode, sera attribué isolément à chacune des trois personnes réunies dans l’unité de la divinité. Selon ce mode, si nous disons : Le Père est Dieu, le Fils est Dieu, l’Esprit-Saint est Dieu, c’est que Père, Fils et Esprit-Saint est Dieu, c’est que Père, Fils et Esprit-Saint sont un Dieu unique. Si donc la déité unique des personnes est une substance unique, le nom de Dieu peut être attribué selon la substance de la divinité.

            De la même manière, le Père est vérité, le Fils est vérité, l’Esprit-Saint est vérité : Père, Fils et Esprit-Saint sont non trois vérités séparées, mais une vérité unique.

            Si les personnes sont distinctes, mais que la substance est indivise, nécessairement le nom qui a pour origine les personnes ne peut appartenir à la substance ; mais c’est la diversité des personnes qui constitue la Trinité. Donc, la Trinité n’appartient pas à la substance. Il suit de là que ni le Père, ni le Fils, ni l’Esprit-Saint, ni la Trinité ne sont des attributs substantiels de Dieu, mais, comme nous l’avons dit, des attributs de relation.