Galates 4,8 – 5,1

Les deux alliances : Agar et Sara

Saint Augustin

De la Cité de Dieu, XV, 2, p. 42s

             Ces récits, dans le passage de la lettre aux Galates que nous venons de lire, sont porteurs d’une allégorie, nous dit saint Paul. Cette interprétation, qui a pour elle l’autorité de l’apôtre, nous montre comment nous devons prendre l’Ecriture des deux Testaments, l’Ancien et le Nouveau. Car une partie de la Cité terrestre est devenue l’image de la Cité céleste : elle n’est pas figure d’elle-même, elle est figure de l’autre, et donc elle est servante. Car ce n’est pas pour elle-même, mais pour signifier l’autre qu’elle a été établie. Une autre image la précède ; et elle-même qui préfigure a été préfigurée. En effet, Agar, servante de Sara avec son fils, a été comme une image de cette image. Et parce que les ombres devaient se dissiper au lever de la lumière, Sara, la femme libre figurant la Cité libre, et dont Agar, cette ombre, était servante pour la signifier d’une autre façon, s’écria : Chasse la servante et son fils, car le fils de la servante ne sera pas héritier avec mon fils, ce que l’apôtre explicite ainsi : avec le fils de la femme libre.

          Nous trouvons là dans la Cité terrestre deux formes : l’une démontre sa propre présence, l’autre, par sa présence étant la servante de la Cité céleste qu’elle a pour rôle de manifester. Or, la nature, viciée par le péché, enfante les citoyens de la Cité terrestre ; mais la grâce, qui libère la nature du péché, enfante les citoyens de la Cité céleste : d’où vient que les premiers sont appelés vases de colère, et les seconds vases de miséricorde. C’est encore ce que figurent les deux fils d’Abraham, l’un, de la servante appelée Agar, est né selon la chair, c’est Ismaël ; l’autre, né de Sara la femme libre, né selon la promesse, c’est Isaac. Tous deux sont fils d’Abraham.

          L’un, Ismaël, ce qui l’engendra, ce fut l’ordre habituel relevant de la nature ; l’autre, Isaac, ce qui le donna, ce fut la promesse qui signifie la grâce. Pour le premier, Ismaël, se montre l’usage humain ; pour le second, Isaac, est mis en lumière le bienfait divin.