Esdras 4,1-5.24 – 5,5

« Et maintenant s’arrêtent nos pas devant tes portes Jérusalem »

Saint Augustin

Discours sur le psaume 121, 11, Tome II, p. 940s

           Nous irons dans la maison du Seigneur. Cette parole nous fait tressaillir. Voyez si nous sommes pour y aller, car ce n’est point avec nos pieds, mais bien par nos affections que nous pouvons y aller. Voyez donc si nous sommes pour y aller : que chacun de vous examine sa conduite envers les saints qui sont pauvres, envers un frère indigent, envers un pauvre mendiant. Car les trônes assis pour te juger vont te sonder : ils doivent trouver ce qui constitue la paix de Jérusalem. Comment vont-ils interroger ? En leur qualité de trônes de Dieu : c’est Dieu qui interroge : Recherchez ce qui tient à la paix de Jérusalem. Mais en quoi consiste la paix de Jérusalem ? Que l’abondance, dit le prophète, soit pour ceux qui vous aiment. Ce prophète s’adresse à Jérusalem, et dit que l’abondance est le partage de ceux qui l’aiment. Cette abondance vient de la pauvreté : ici-bas, la pauvreté ; là-haut, l’abondance. Ici-bas l’indigence, là-haut les richesses. D’où viendront ces richesses ? De ce qu’ils auront donné ici-bas ce qu’ils n’avaient reçu de Dieu que pour un temps, et que là-haut ils ont reçu ce que Dieu donne pour l’éternité. Ici-bas les riches eux-mêmes sont pauvres : il est bon que le riche connaisse sa pauvreté. S’il croit qu’il regorge, c’est de l’enflure, et non de la véritable abondance. Qu’il reconnaisse que ses mains sont vides, afin que Dieu les puisse remplir. Qu’a-t-il en effet, ce riche ? De l’or. Que n’a-t-il pas encore ? La vie éternelle. Qu’il jette les yeux sur ce qu’il a et sur ce qu’il n’a pas encore : et avec ce qu’il a, qu’il achète ce qu’il n’a pas. Abondance à tous ceux qui vous aiment.

          Alors, que la paix se fasse dans ta force, qu’elle advienne en abondance pour tous les habitants de Jérusalem. Ô Jérusalem ! Ô cité bâtie comme une ville et dont les habitants sont toujours les mêmes, que la paix se fasse dans ta force, que la paix se fasse dans ton amour, car, ton amour, c’est ta force. Le prophète, parlant de l’amour qui est la force, s’écrie : A cause de mes frères, de mes amis, ô Jérusalem, je parlais de ta paix. Ô sainte Jérusalem, dont les citoyens sont unis ensemble, me voici en cette vie, et sur la terre, me voici pauvre, étranger et gémissant, loin de ta paix et prêchant cette paix, Laisse-moi dire : paix sur toi ! Pour l’amour de la maison du Seigneur, je prie pour ton bonheur.