Job 11 1-20

La sagesse de Dieu appelle l’aveu de Job

Saint Jean Chrysostome

Commentaire sur Job, SC 346, p. 327s

          Ne dis pas : mes actes sont purs et je suis irréprochable devant Dieu. Comment ! Mais, il l’a dit lui-même : « En vérité je sais qu’il n’y a pas de mortel pur devant Dieu ! » Vois-tu comment ils lui adressent des reproches d’ennemis ! Mais s’il était possible que Dieu te réponde, « parce que la puissance de sa sagesse est double dans ton cas », alors tu aurais compris qu’il est juste que tu souffres. Une partie de la phrase est une erreur, l’autre présente une affirmation exacte. D’une part, en effet, dire : s’il était possible que Dieu te réponde, et de fait il est bien meilleur que toi et il est sage, il t’aurait montré qu’il est bon que tu souffres ainsi, cela est exact. Mais dire d’autre part : tu comprendras alors que tes fautes ont mérité les châtiments que le Seigneur t’a envoyés, cela n’est pas exact. Puisque Job a dit, en effet : Ah ! Si seulement il y avait un arbitre et un juge entre nous, Sophar lui dit : s’il y en avait un, c’est le contraire qu’il t’aurait montré ; mais Job n’a pas dit : je souffre sans l’avoir mérité, mais : je souffre à l’idée d’un mal à venir, et aussi : ma nature est faible, et « Je suis l’œuvre de tes mains ». Sophar, au contraire, parle comme si Job avait dit : Je souffre injustement ; or Job n’a pas parlé ainsi, mais il a dit : Je crains de pécher.

          Ensuite il ajoute : Trouveras-tu la trace du Seigneur, ou as-tu atteint les limites de ce qu’a créé le Tout-Puissant ? C’est-à-dire : est-ce que par hasard tu peux connaître sa sagesse et sa voie ? Et pourtant, lui aussi en a convenu auparavant, et il a parlé longuement de sa puissance et de sa sagesse, de son incompréhensibilité et de sa pureté, si bien que ses réflexions sont hors de propos.

          Or, dit-il, Que sais-tu des réalités qui sont plus profondes que celles de l’enfer ? C’est en vain que l’homme se laisse emporter par des mots, et un mortel est comme un âne du désert. Il a eu raison de dire : Comme un âne du désert, lequel n’arrête pas de braire ! Il n’y a, dit-il, aucune différence entre nos paroles et cette voix inintelligible qui crie au hasard et de façon stupide. Nous blâmons tout à propos de tout, nous nous en prenons à tout. A nouveau ils l’exhortent de se soucier de sa vie. Mais, dit-il, cela ne sert de rien ; c’est pour cela, en effet, qu’il disait : Si je suis juste, je ne relèverai certainement pas la tête. Voilà que je suis juste, mais je suis impur à ses yeux.