1 Corinthiens 1,18-2,5 ou 4,1-16

L’apôtre saint Thomas

Père Denis Buzy

Saints et saintes de l’Evangile, p. 109s

           De saint Thomas, nous ne savons rien ni de ses origines, ni de sa famille, ni de sa vie antérieure, ni de sa vocation. Les synoptiques se contentent de le mentionner dans la liste officielle des apôtres ; il a heureusement retenu davantage l’attention du quatrième évangile, ce qui nous permet d’esquisser quelques lignes de son portrait.

            Le chapitre 21 de saint Jean nous transmet le seul détail biographique que nous possédions sur lui. Il y est question de ce noyau d’apôtres qui s’est reconstitué autour de Simon-Pierre après la Résurrection et qui pourvoit à sa subsistance en reprenant le métier  de pêcheur.       Il n’y a que deux ans que les barques avaient été ramenées au rivage, et que leurs propriétaires étaient partis à la suite de Jésus. Le métier ne s’oublie pas en si peu de temps : il s’imposait de prendre une décision : Simon-Pierre se trouvait avec Thomas, appelé Didyme, Nathanaël de Cana en Galilée, les fils de Zébédée, et deux autres disciples. Simon-Pierre leur dit : Je m’en vais à la pêche – Nous venons avec toi, dirent-ils. Ils partirent, montèrent en barque et ne prirent rien de toute la nuit.

            De ces brèves indications, on peut déduire que Thomas était pêcheur lui aussi, puisqu’il s’offre à faire partie de la pêche nocturne. Il devait encore avoir d’étroites relations avec Simon-Pierre, du moins à cette période de l’histoire évangélique, puisqu’il est nommé le premier après lui parmi ses compagnons, même avant les fils de Zébédée. C’est évidemment très peu. C’est pourtant quelque chose.

            Grâce à saint Jean, il nous est loisible de revenir un peu en arrière, aux derniers jours du ministère public. La situation des Jésus est alors gravement compromise à Jérusalem et en Judée, surtout depuis la fête de la Dédicace où les Juifs ont cherché à le lapider. Alors que Jésus parle de revenir en Judée, qu’il venait de quitter, les disciples cherchent à l’en dissuader. Thomas perçut-il chez ses compagnons une ombre d’hésitation, un manque d’élan, une réserve dans la confiance et la générosité ? Que faut-il pour rétablir une situation compromise et raffermir des âmes hésitantes ou chancelantes ? Souvent rien qu’un geste, un mot, un exemple. On s’étonne que Simon Pierre, toujours le premier, se soit laissé devancer, cette fois, par Thomas : Allons, nous aussi, et mourons avec lui. Pour prononcer de telles paroles en de telles circonstances, il n’est peut-être pas nécessaire d’être des héros, il faut sûrement avoir de la résolution et du caractère. Thomas en avait !