Tobie 7, 9-16 + 8, 4-14

Les noces

Père Jacques Gœttmann

Tobie, Livre des fiancés et des pèlerins, p. 79s

          Selon la coutume, le cortège nuptial conduit Tobie, à la tombée de la nuit, de la salle du festin à la chambre de l’épousée. Tobie se rappelle les conseils de Raphaël, il remplit les rites prévus, rites saisissants pour une nuit de noces. Par un exorcisme, il expulse le démon qui s’enfuit à travers les airs ou dans les déserts. L’ange Raphaël, esprit de guérison, poursuit Asmodée, esprit de perdition, jusqu’en Egypte, terres des ténèbres extérieures et démoniques dans les perspectives bibliques. Là-bas, il le lie définitivement, en sorte qu’il ne revienne plus tourmenter la jeune femme et son mari. Cette scène d’exorcisme évoque pour nous les descriptions, faites plus tard par Jésus, des tentations et des combats singuliers où l’homme est l’enjeu des forces du bien et des forces du mal.

          Tobie continue d’obéir à l’ange. Lui et sa femme se lèvent et prie ensemble. Leur prière, la troisième du récit, est aussi bien ordonnancée et circonstanciée que les deux premières, c’est pourquoi, elle est admirable de simplicité. Regardant le Créateur, elle descend ensuite vers l’homme et la femme, vers leurs besoins présents.

          Tobie commence la prière en bénissant le Créateur, face à ses créatures qui toutes le bénissent. La liturgie conjugale se poursuit par l’évocation de la création du premier couple, Adam et Eve. La prière insiste sur l’éveil d’Eve et sur l’offrande que le Créateur fait d’elle à l’homme. La prière s’inspire des mots essentiels de la Genèse. Avant d’évoquer la procréation des enfants, Tobie souligne la primauté de l’harmonie conjugale, la diversité complémentaire de l’homme et de la femme, et leur fondamentale égalité. L’harmonie des hommes entre eux et avec Dieu est la fin même de toute propagation de la race. De la procréation, le texte sacré en parle à peine, tellement elle est naturelle.

          L’harmonie du couple est si vraie qu’ils s’unissent dans une œuvre d’amour et s’échangent l’un l’autre dans une paix dont témoigne le sommeil calme où la servante les trouvera plus tard.