Siracide  5,1 – 6,4

Qui possède, qui est possédé ?

Saint Ambroise de Milan

Richesse et pauvreté, PdF 4, p. 54s

 

Le psalmiste  a indiqué expressément qui ils sont en disant : Ils sont tous des hommes de richesses, tous, sans nulle exception. Et c’est avec raison qu’il poursuit hommes de richesses et non richesses des hommes pour bien montrer que ce ne sont pas eux qui possèdent leurs richesses, mais bien plutôt qu’ils sont possédés par elles. La possession doit, en effet, appartenir au possesseur et non réciproquement. Quiconque donc n’use pas de son patrimoine comme d’une possession, et ne sait pas distribuer largement au pauvre est le méprisable esclave de ses biens au lieu d’en être le maître. Il les garde comme un serviteur garde des biens qui lui sont étrangers et non comme un maître usant simplement de ses richesses. Devant un sentiment de cet ordre, nous disons donc qu’il s’agit d’un homme de richesses, et non des richesses d’un homme. L’intelligence est un bien pour qui en use. Celui qui ne comprend pas ne peut revendiquer pour lui l’honneur de cette faculté. Et c’est pourquoi il tombe endormi dans un sommeil lourd comme celui d’un ivrogne. Les gens de cette sorte dorment donc de leur propre sommeil et non de celui du Christ. Ne pas dormir du sommeil du Christ, c’est ne pas avoir son repos, c’est ne pouvoir se relever en sa résurrection. Car il dit, à la suite du psalmiste : J’ai dormi, je me suis reposé, puis je me suis relevé parce que le Seigneur m’a reçu.

          A la fin de son psaume, le prophète, tourné vers vous, vous dit : Priez et rendez vos devoirs au Seigneur votre Dieu. ne cachez rien, ô riches, le jour est proche, priez pour obtenir le pardon de vos péchés, rendez en bienfaits les dons que vous avez reçus. C’est de Dieu que vous tenez ce que vous devez offrir. C’est de ses biens que vous lui acquittez votre dette : Mes dons et mes cadeaux, dit-il, c’est-à-dire vos offrandes, ce sont en réalité les dons et les cadeaux que je vous ai faits. Je vous les ai donnés, je vous en ai fait cadeau. Le prophète dit : Seigneur, tu n’as pas besoin de mes biens, c’est-à-dire : je t’offre ce qui t’appartient puisque je ne possède rien que tu ne m’aies donné. La foi fait agréer les dons : l’humilité donne leur prix aux offrandes.