Marc 6, 45-52

Jésus marche sur les eaux

Saint Jean Chrysostome

Homélies sur saint Matthieu 49,3 et 50,1-2

 

Pourquoi Jésus a-t-il gravi la montagne, laissant ses disciples seuls dans la barque se battant, en fin de nuit, contre les vents contraires. Si Jésus a gravi la montagne, c’est pour nous apprendre combien le désert et la solitude sont indispensables à la rencontre de Dieu. C’est pour cela qu’il va fréquemment en des lieux déserts, qu’il y passe souvent la nuit en prières, nous enseignant par cette conduite à chercher des conditions de temps et de lieux qui favorisent le calme de la prière. Or la solitude est la mère du calme, elle est le port de la tranquillité, car elle nous délivre de tous les tracas. Tels sont les motifs pour lesquels Jésus gravit la montagne.

Cependant, les disciples sont de nouveau le jouet des flots et une tempête pareille à la première se déchaîne contre eux ; mais ils avaient alors Jésus avec eux, même s’il dormait à l’arrière, sur le coussin, tandis que, cette fois, ils sont seuls et livrés à eux-mêmes. C’est par degrés et peu à peu que le Maître les conduit à des sentiments plus élevés et qu’il les exerce à tout supporter courageusement. Lors du premier danger qu’ils ont couru en mer, il était avec eux, mais il dormait, prêt cependant à leur redonner du courage au moment voulu ; maintenant, pour leur donner plus de cran, il n’agit pas de la même façon : il s’éloigne, si bien qu’ils n’aperçoivent aucune chance de salut, et qu’ils sont toute la nuit ballotés par les flots. Je pense que le Sauveur voulait ainsi ranimer leur cœur endormi ; et la crainte que produisait sur eux cette tempête nocturne lui en fournissait l’occasion. En les jetant dans l’angoisse, il leur inspirait un plus vif désir de sa présence, et il rendait son souvenir constamment présent à leur pensée. Aussi n’est-il venu à leur secours que vers la fin de la nuit : il leur apprenait ainsi à ne pas rechercher trop vite la fin de leurs maux, mais à supporter courageusement les difficultés qui survenaient. Qui plus est, la vision du Christ marchant sur les eaux les bouleversa autant que la tempête. Le Seigneur ne s’est pas montré tout à coup : il les formait, je le répète, à la patience et à la fermeté.