Luc 5, 12-16

« Je le veux, sois purifié »

Isaac de l’Etoile

2ème sermon pour le 3ème dimanche après l’Epiphanie, SC 130, p. 240s

 

Le juste commence par s’accuser, dit le proverbe, autrement dit, du fait qu’il s’accuse, il commence à être juste. C’est pourquoi le lépreux en arrivant, commence par dire : Seigneur, si tu le veux, tu peux me purifier. Il confesse deux choses : son impureté, et la puissance du Seigneur. C’est pourquoi, il est renvoyé guéri de sa lèpre. Louant la puissance, il appelle la grâce, et la grâce ne peut absolument pas manquer aux deux confessions qui ont précédé : celle du délit et celle de la louange. Tout homme, en effet, qui invoque ainsi le Nom du Seigneur sera sauvé, et entendra : Je le  veux, sois guéri. C’est pourquoi le psalmiste s’écrie : J’invoquerai le Seigneur avec la louange, et je serai sauvé de mes ennemis.

          Jésus touche le lépreux, et il est guéri. Mais son guérisseur lui interdit de se proclamer guéri avant de s’être montré au prêtre et d’avoir présenté l’offrande légale. Que signifie tout cela, mes frères ? Guéri par le Christ, peut-il taire les louanges du Christ ? Il a loué la puissance avant d’en avoir fait l’expérience, et, après expérience, il tairait la grâce ? Purifié par le Christ, a-t-il besoin d’un prêtre, peut-être impur ?

Ou bien le Seigneur prescrit des choses inutiles, gardons-nous de le supposer, ou bien il exprime des mystères.

Il y a deux choses qui conviennent à Dieu seul : l’honneur de la confession, et la puissance de la rémission. Nous devons lui présenter la confession, attendre de Lui la rémission. Car il appartient à Dieu seul de remettre les péchés, et c’est pourquoi on doit lui présenter la confession. C’est ce qui explique la parole : Va, montre-toi au prêtre. Que le pécheur n’annonce à personne qu’il est guéri, lorsqu’il s’est repenti dans son âme, là où pardonne le Christ, s’il a dédaigné de se montrer au prêtre : le pardon intérieur ne sert de rien à qui dédaigne de confesser ses fautes extérieurement.

La miséricorde  toute-puissante a ses lois propres ; elle règle ses dons et ses pardons. D’après ses lois, on est fondé aussi à entendre la parole : Te voilà guéri ; désormais ne pèche plus, pour qu’il ne t’arrive rien de pire, ou cette autre parole : Moi, je ne te condamne pas, désormais ne pèche plus. Et aussi le texte dont nous nous occupons actuellement : Je le veux, sois guéri ; va et montre-toi au prêtre.