Jean 3, 22-30

« L’Epoux et l’ami de l’Epoux »

Saint Augustin

Sermons sur saint Jean, Sermon 14, 1-3, p. 719s

 

Jean a fait cette déclaration : Moi, je ne suis pas le Christ, je suis celui qui a été envoyé devant lui. En effet, comme Jésus faisait beaucoup de disciples, on l’avait rapporté à Jean pour l’exciter contre lui comme s’il était capable de jalousie : Voici que Jésus a fait plus de disciples que toi.  Et Jean de répondre : Je ne suis pas le Christ ; j’ai été envoyé devant lui. Celui qui a l’Epouse est l’Epoux ; quant à l’ami de l’Epoux, il se réjouit à la voix de l’Epoux.

Jean n’a pas tiré sa joie de lui-même. En effet, celui qui veut trouver en lui-même la cause de sa joie sera triste, mais celui qui veut trouver en Dieu la cause de sa joie sera toujours dans la joie, parce que Dieu est éternel. Veux-tu avoir une joie éternelle ? Adhère à celui qui est éternel.

C’est ce que Jean a fait : l’ami de l’Epoux, dit-il, se réjouit à la voix de l’Epoux, et non à sa propre voix, et il se tient debout, il l’écoute. S’il vient à tomber, il ne l’écoute plus, car il a été dit de celui qui est tombé : Il ne s’est pas tenu dans la vérité. L’ami de l’Epoux doit donc se tenir debout et écouter. Que veut dire se tenir debout ? Demeurer dans la grâce qu’il a reçue de lui. Il écoute la voix qui doit le réjouir. Ainsi faisait Jean : il savait le principe de sa joie, il se gardait bien de se faire passer pour ce qu’il n’était pas, il savait qu’il était illuminé, non celui qui illumine. Celui, dit l’évangéliste, était la Lumière véritable qui illumine tout homme venant en ce monde. S’il illumine tout homme, il illumine donc aussi Jean, puisqu’il est lui-même au nombre des hommes. En effet, bien qu’il ne se soit levé personne de plus grand que lui parmi les enfants des femmes, il n’en est pas moins lui-même l’un de ceux qui sont nés de la femme. Pouvons-nous le comparer à celui qui est né parce qu’il l’a voulu et dont l’enfantement a été tout nouveau parce qu’il entrait dans le monde comme quelqu’un de tout nouveau ? Les deux naissances du Seigneur en effet sont extraordinaires, sa naissance divine et sa naissance humaine : pour sa naissance divine il n’a pas de mère, pour sa naissance humaine il n’a pas de père.