Jean 23, 1-11

Les noces de Cana

Saint Cyrille d’Alexandrie

Commentaire sur saint Jean, PdF 31, p. 54s

           

          Tel fut le premier des miracles de Jésus en Galilée. Ce premier miracle, à lui seul, accomplit à la fois beaucoup de merveilles. Il honore et sanctifie les noces. Il éloigne la malédiction lancée contre la femme. Elles n’enfanteront plus désormais dans la douleur, puisque le Christ a béni le mariage qui est le principe de notre génération.

          La gloire de notre Sauveur a brillé comme un rayon de soleil et la foi des disciples, qui s’émerveillent de ce prodige, devient plus ferme. J’arrête ici le récit des faits. Cherchons à dire ce que les paroles échangées suggèrent.

          Le Verbe de Dieu est donc descendu du ciel, comme le dit l’Evangéliste, afin de s’unir intimement, comme un époux, à la nature humaine pour lui faire porter en son sein les semences spirituelles de la sagesse. On a donc raison de donner à l’humanité le nom d’épouse, et au Sauveur le nom d’époux, car l’Ecriture Sainte, en parlant des choses que nous comprenons, élève ces mots jusqu’à un sens qui est au-dessus de nous.

          Les noces sont célébrées le troisième jour, c’est-à-dire aux derniers temps de ce monde. La chiffre trois représente le début, le milieu et la fin : le temps est ainsi tout à fait mesuré. On verra que ce chiffre s’adapte à ce qu’a dit l’un des saints prophètes : Dieu frappera et guérira après deux, c’est-à-dire le troisième jour. Dieu a frappé à cause de la transgression d’Adam ; ce que le Seigneur a frappé du châtiment de la corruption et de la mort, il l‘a de nouveau guéri le troisième jour, non pas au début, au milieu, mais à la fin des temps, lorsque, en se faisant homme pour nous, il a rendu la santé à notre nature et l’a toute entière ressuscitée des morts par sa propre résurrection. Il est donc appelé prémices de ceux qui se sont endormis. En désignant le troisième jour, auquel les noces étaient célébrées, le prophète désigne la fin des temps.

          L’Evangile précise aussi le lieu des noces : Cana de Galilée. Les invités ne se réunissent donc pas à Jérusalem, le repas a lieu en dehors de la Judée, dans le pays des païens, la Galilée des nations. C’est l’évidence même que la synagogue des Juifs a rejeté l’époux descendu des cieux, et que l’Eglise, venue des nations païennes, l’a accueilli, et avec grande joie.