1 Corinthiens 5, 1-13

Essai de centralisation avec saint Benoît d’Aniane

Daniel-Odon Hurel

Les Bénédictins, p. 467s

           

          Saint Benoît d’Aniane, au IX° siècle, alors que renaît une autorité centralisée en Occident avec l’empereur Charlemagne, peut véritablement être considéré comme un réformateur ayant assuré un singulier essor de la vie monastique. Certains lui ont attribué un bilan paradoxal, car, si les monastères furent alors véritablement prospères et protégés grâce notamment à une organisation unifiée autour de la Règle de saint Benoît, ce fut aussi, selon eux, au prix d’une uniformité et d’une forte centralisation n’hésitant pas à s’appuyer sur les institutions impériales.

 Ainsi le futur cardinal anglais et bénédictin, F. A. Gasquet n’hésite pas à écrire avec une surprenante sévérité, à la fin du XIX° siècle, que les plans de saint Benoît d’Aniane passèrent comme le songe d’une nuit d’été. Son projet de rigide uniformité dans les monastères de l’Empire, assuré par sa nomination comme général, avec l’aide d’un agent ou inspecteur dans chaque maison – idée totalement étrangère à la plus élémentaire conception de la vie bénédictine – rencontra le sort qu’il méritait.

Il voit cependant, avec ce cartulaire reprenant la Règle de saint Benoît, l’ancêtre des constitutions et autres droits propres actuels des congrégations monastiques ou non. Une telle réforme aurait bien permis de dynamiser la vie monastique en évitant à nombre de monastères un dangereux isolement et a contribué à une large diffusion de la Règle, tout en s’écartant peut-être plus ou moins de l’esprit de souplesse et d’adaptation de saint Benoît de Nursie. Cette organisation ne survit pas comme telle aux premiers Carolingiens, mais les bases d’une vie monastique dans tout l’Occident furent alors jetées avec toutes les bonnes et plus nuancées conséquences que cela eut en nos pays d’Europe.