Deutéronome 24,1 – 25,4

Les trois lois

Saint Maxime le Confesseur

Question 64 à Thalassios, cité dans Unam Sanctan n° 3, p. 323s

 

          Il y a trois lois générales : la loi naturelle, la loi écrite et la loi de grâce. Chacune d’elle a des attributs particuliers et parcourt sa carrière propre.

          La loi naturelle, lorsque les sens ne parviennent pas à dominer la raison, nous pousse spontanément à accueillir tous les hommes comme étant nos parents, et à nous porter au secours de ceux qui sont dans le besoin ; elle nous inspire un vouloir unanime, en sorte que chacun soit heureux de donner aux autres ce qu’il désirerait lui-même en recevoir. C’est ce qu’a enseigné le Seigneur : Ce que vous voulez que les autres vous fassent, faites-le leur.

          Quant à la loi écrite, elle commence par réprimer les impulsions déréglées des insensés, en leur inspirant la crainte des châtiments. Elle accoutume l’esprit à considérer la stricte justice, et vient ainsi par ses rigueurs au secours de la loi naturelle. Car par l’effet du temps, la force de la justice finit par passer en nature, et l’amour du bien prévaut peu à peu sur la crainte. Enfin l’homme est conduit jusqu’à la charité, qui est la plénitude de la loi. La loi écrite n’est donc autre que la loi naturelle, qui revêt son plein sens spirituel par l’entraide sociale et la cohésion intime. C’est pourquoi il est écrit : Aime ton prochain comme toi-même.

          Mais la loi de grâce apprend sans intermédiaire à ceux qu’elle dirige à imiter Dieu lui-même, qui, si l’on peut dire, nous a aimés plus que lui-même : Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime.

          En résumé, nous dirons que la loi de nature n’est autre que la raison naturelle, subjuguant les sens pour refouler la déraison selon laquelle a lieu la division de ceux qui sont naturellement unis. La loi écrite est encore cette raison naturelle, qui, après avoir ôté la déraison des sens, inspire un désir spirituel de cohésion entre les membres d’une même nature. Enfin la loi de grâce est une raison surpassant la nature et la transformant d’une façon intrépide en vue de la déification.