Hébreux 9, 11-28

L’entrée du Christ au ciel

par un sacrifice sans victime pour le salut de tous

Père Paul-Dominique Dognin

La foi de Jésus, Une lecture de la Lettre aux Hébreux, p. 89s

 

          Au verset 26, on retrouve le joyeux Mais maintenant, que l’on a déjà trouvé dans cette lettre ; quant au mot siècles, il doit avoir le sens déjà repéré au début de la lettre : Dieu a fait les siècles par son Fils, mot que l’on retrouve plus loin dans la lettre : Les siècles ont été retravaillés par un événement divin.

L’accomplissement semble être pour les siècles l’équivalent de ce qu’est la perfection pour les individus. Pour les siècles antérieurs à l’événement pascal, il se réalisera de manière instantanée lors du passage de Jésus par le séjour des morts. Pour les siècles postérieurs à cet événement, il se réalisera de manière provisionnelle dans le trésor sacramentel.

          Une hésitation est possible à la fin de ce verset : cet accomplissement ou bien s’est manifesté, comme le traduit la Bible d’Osty, ou bien, cet accomplissement a été manifesté, selon la Traduction œcuménique de la Bible, le responsable de l’opération ne pouvant être alors que le Père. Un rapprochement avec la lettre aux Romains semble trancher en faveur de la seconde solution : Mais maintenant la justice de Dieu a été manifestée, justice de Dieu dont le moyen est la foi de Jésus Christ sur tous ceux qui croient. Cette mention de la foi de Jésus Christ implique que le lieu de la manifestation fut la croix. En outre l’idée que le Père en fut l’acteur principal est suggérée un peu plus loin : Le Christ Jésus, Dieu l’a exposé, tel un propitiatoire grâce à la foi vécue dans son propre sang.

          En qualifiant de sacrifice l’offrande que Jésus fait de lui-même, l’auteur peut très bien penser à un sacrifice sans victime. En parlant de s’offrir pour enlever les péchés d’un grand nombre, l’auteur reprend un texte d’Isaïe. Mais cette formulation sémitique signifie la même chose que le pour vous et pour la multitude de nos prières eucharistiques. La première lettre de Jean dit explicitement que Jésus est en mesure de pardonner nos péchés, et non seulement les nôtres, mais aussi ceux du monde entier. Il est le Sauveur universel, le Sauveur du monde.