Hébreux 9, 1-10
Hymne à la croix
Saint Léon le Grand
Homélie 8, 7 sur la Passion du Seigneur, SC 74 bis, tome III, p. 115s
O puissance admirable de la Croix ! O gloire ineffable de la Passion ! Là se trouve le tribunal du Seigneur, là le jugement du monde, là le pouvoir du Crucifié ! Tu as attiré tout à toi, Seigneur, et, lorsque tu étendais tout un jour tes mains vers un peuple incrédule et obstiné à te contredire, le monde entier reçut l’intelligence pour confesser ta majesté ! Tu as attiré tout à toi, Seigneur, car, pour maudire le crime des Juifs, tous les éléments prononcèrent une sentence unanime, lorsque les luminaires célestes s’obscurcirent et que le jour se changea en nuit, lorsque la terre elle-même fut secouée de mouvements inaccoutumés et que la création entière se refusa à servir les impies ! Tu as attiré tout à toi, Seigneur, car, le voile du temple fut déchiré, le Saint des Saints se retira loin de pontifes indignes ; la figure se changea alors en vérité, la prophétie en manifestation, la Loi en l’Evangile. Tu as attiré tout à toi, Seigneur, afin que le culte de toutes les nations de l’univers célébrât par un sacrement plénier et manifeste ce qui ne se faisait que dans un seul temple de Judée et sous l’ombre des figures. Maintenant, en effet, l’ordre des lévites est plus illustre, la dignité des anciens plus élevée, l’onction des prêtres plus sacrée ; car ta croix est la source de toutes les bénédictions, la cause de toutes les grâces. Par elle, de la faiblesse, les croyants reçoivent la force, de l’opprobre, la gloire, de la mort, la vie. Maintenant, en effet, la diversité des sacrifices charnels prenant fin, l’offrande unique de ton corps et de ton sang consomme toutes les différences des victimes, car tu es le véritable Agneau de Dieu qui ôte les péchés du monde, et tu achèves en toi tous les mystères afin que tous les peuples ne fassent plus qu’un seul royaume comme toutes les victimes font place à un seul sacrifice.
Confessons donc, frères, ce que l’apôtre Paul a confessé glorieusement : Elle est sûre cette parole, et digne d’une absolue créance : le Christ Jésus est venu dans le monde pour sauver les pécheurs. D’autant plus admirable est maintenant la miséricorde de Dieu envers nous que le Christ n’est pas mort pour des justes, ni pour des saints, mais pour des méchants et des pécheurs, pour nous.