Apocalypse 7, 1-17

Le salut est à notre Dieu qui siège sur le trône et à l’Agneau

Père Jean-Pierre Charlier

Comprendre l’Apocalypse, tome I, p. 188s

 

          La liturgie, dont il est question dans cette vision, n’est pas quelconque. Bien des particularités du texte ne s’expliquent que par la référence directe à la célébration de la fête des Tentes, la plus solennelle et la plus joyeuse de toutes les solennités juives. Au septième et dernier jour de la fête, se déroulait, en grande pompe, une procession qui évoque une foule en mouvement, tout le monde portant des palmes à la main. Ce septième jour était appelé le Jour du grand Hosannah, c’est-à-dire Donne le salut !

          Or, c’est justement l’acclamation qui retentit ici dans la vision, même si le Hosannah a été traduit en grec un peu laborieusement. Nous sommes en pleine liturgie festive qui constate que le salut a bel et bien été donné conjointement par Dieu et par l’Agneau : nous entendons enfin l’écho céleste et final du cri qui avait jadis résonné à Jérusalem lorsqu’une grande foule, comme ici, palmes à la main, comme ici, accueillait Jésus entrant dans la ville.

          Deux autres rites encore caractérisaient la fête des Tentes. Le premier consistait à aller puiser de l’eau à la fontaine Siloé, puis à répandre celle-ci sur l’angle sud-ouest de l’autel des holocaustes, en souvenir de l’eau dont Dieu avait pourvu son peuple pendant l’Exode. Mais sans la liturgie du ciel, il n’est plus besoin de rappeler à Dieu la soif de son peuple : l’Agneau l’abreuve éternellement aux sources des eaux vives.

          L’autre rite consistait évidemment à se fabriquer des huttes de branchages, en souvenir d’abord des tentes sous lesquelles les Hébreux, nomadisant au Sinaï, s’étaient abrités, dans l’attente et l’espérance aussi d’habiter un jour la vraie Tente de réunion. Déjà en Jésus, Dieu était venu planter sa tente au milieu des hommes, mais ce n’était là qu’une relance de la promesse : la foule innombrable, elle, est rassemblée sous la tente que Dieu lui-même déploie au-dessus d’elle.

          Dans cette page, nous découvrons l’immense et impressionnant cortège des élus. Leur pèlerinage est liturgique : nous les voyons encore marchant, venant de l’aube de l’histoire. Une telle liturgie réclame mouvement et dynamisme, même corporel, car elle est le rappel orant de notre cheminement vers un but. Ce but, c’est la joie éclatante des tabernacles où ne cesse d’être répété : Hosannah à Dieu, Hosannah à l’Agneau.