1 Corinthiens 15, 1-19  

Qu’elle soit notre refuge, notre Mère

Saint Aelred de Rievaulx

Sermon 45, Sermons pour l’année, Pain de Cîteaux 18, p. 216s

 

          Les filles de Sion sont les âmes saintes, les filles de la sainte Eglise qui, toutes, voient la bienheureuse Marie et la disent bienheureuse. Assurément bienheureuse, celle qui a été choisie parmi toutes les femmes pour être la mère du Seigneur. Bienheureuse celle qu’un ange a si humblement saluée. Bienheureuse celle qui a enfanté le Fils de Dieu et qui n‘a pourtant pas perdu sa virginité. Bienheureuse, celle que toute la cour du ciel a accueillie. En cette cour, sans aucun doute, les âmes saintes l’ont vue, elles que la Sainte Eglise a engendrées en cette vie. Elles l’ont vue, et, avec une grande allégresse, elles l’ont déclarée bienheureuse.

          Levons les yeux vers le ciel, où elle est parvenue. Regardons-y sa gloire, et n’oublions pas sa bonté. Car, de même qu’elle est plus sublime et plus heureuse que toute créature, elle est certainement plus indulgente et plus miséricordieuse que toute autre. C’est pourquoi, prions-la en toute sécurité, mettons-en elle toute notre confiance. Nous possédons, en effet, beaucoup d’indices de sa bonté. Nous savons que beaucoup ont été retirés des filets du diable par sa bonté ; beaucoup, qui étaient au bord du désespoir, ont été réconciliés grâce à sa bienveillance ; beaucoup qui se trouvaient dans de pénibles tourments après leur mort, ont été retirés de là parce qu’ils l’avaient aimée durant leur vie et qu’ils s’étaient fortement recommandés en elle.

          Qu’elle soit donc notre joie à tous, notre gloire, notre espérance, notre consolation, notre réconciliation, notre refuge à tous, notre Mère. Si nous sommes tristes, réfugions-nous près d’elle pour qu’elle nous rende la joie. Si nous sommes abattus, réfugions-nous près d’elle pour qu’elle nous montre notre grandeur. Si nous sommes désespérés, réfugions-nous près d’elle pour qu’elle nous relève. Si nous sommes accablés d’épreuves, réfugions-nous près d’elle pour qu’elle nous réconforte. Si nous subissons la persécution, réfugions-nous près d’elle pour qu’elle nous protège. Si nous sommes en désaccord avec son Fils, réfugions-nous près d’elle pour qu’elle nous réconcilie avec lui. Qu’elle soit notre gardienne en cette vie, notre protectrice lors de notre mort ; qu’elle nous notre garde maintenant du péché, qu’elle nous présente alors à son Fils bien-aimé, elle qui est notre Mère à tous, le Mère de toute l’Eglise.