1 Corinthiens 15, 20-34  

« Alors le Fils lui-même sera soumis »

Saint Grégoire de Nysse

PG 44, 1316s, dans Unam Sanctam 3, de Lubac, Catholicisme, p. 345s

 

          Quand, à l’imitation de nos prémices, nous serons délivrés du mal, alors la totalité de la nature, mêlée à ses prémices, et devenue un seul corps continu, sera ouverte à l‘hégémonie du seul bien, ainsi tout le corps de notre nature se trouvant harmonisé à la nature divine et incorruptible, aura lieu par nous cette soumission, dite soumission du Fils, la soumission qui s’accomplit dans son corps étant rapportée à celui qui en opère la grâce en nous. En effet, nous recevant tous unis en lui et nous faisant tous membres de son corps de façon à ne former tous vraiment qu’un corps, celui qui nous unit à lui et s’unit à nous de la sorte, en toute chose devient un avec nous, et tout ce qui nous concerne devient sien. Or notre bien suprême sera d’être soumis à Dieu, lorsque toute créature lui sera harmonisée. Le Christ rapporte donc à lui-même l’obéissance que rendra tout son corps au Père.

          Que nul ne trouve cette explication étrange. N’avons-nous pas l’habitude de rapporter, dans notre langage, à notre âme, ce que fait notre corps ?

          S’unissant les hommes, par lui il les unit au Père, selon ce qu’il dit : Comme toi, Père, en moi, et moi en toi, qu’ils soient aussi un en nous. Et ce qui suit s’accorde avec cette parole : La gloire que tu m’as donnée, je la leur est donnée : par sa gloire, il entend, je pense, l’Esprit-Saint qu’il communiqua par son souffle aux disciples. Car ceux qui sont entre eux séparés ne peuvent être réunis que par l’unité de l’Esprit, et si quelqu’un n’a pas l’Esprit du Christ, il n’est pas au Christ.

          Or l’Esprit est la gloire, comme Jésus le dit ailleurs au Père : Glorifie-moi de cette gloire que j’ai eue près de toi au commencement, avant que le monde fût. Il n’y avait rien d’autre, avant les siècles, que le Père, le Fils et l’Esprit-Saint : cette gloire, c’était donc l’Esprit. Aussi dit-il : La gloire que tu m’as donnée je la leur ai donnée, pour que par elle, par l’Esprit, ils me soient unis, et par moi à toi.