1 Corinthiens 15, 35-58  

« Le corps psychique et le corps spirituel »

Saint Grégoire le Grand

Homélies sur les Evangiles, Homélie 26, SC 522, p. 137s

 

          La seule idée que nous puissions nous faire des corps glorieux est ce que les Evangiles nous disent de Jésus ressuscité.

Comment le corps de notre Seigneur, après sa résurrection, était-il vrai, pour qu’il pût entrer chez les disciples, les portes restant closes ? Nous devons savoir que l’opération divine n’est guère admirable si la raison humaine peut la saisir ; et la foi ne mérité pas de salaire, si la raison lui en donne déjà l’expérience. Toutefois, mêmes ces œuvres de notre Rédempteur qui ne peuvent absolument pas être saisies en elles-mêmes doivent être pensées par comparaison avec quelque autre de ses opérations, afin que la foi à des choses admirables soit donnée à partir de faits encore plus admirables.

          Le corps ressuscité du Seigneur entra par des portes closes pour apparaître aux disciples ; ce corps, son propre corps, était, lors de sa nativité, sorti du sein fermé d’une vierge. Mais parce que la foi des apôtres doutait encore devant ce corps qu’ils voyaient pourtant, il leur montra aussitôt ses pieds et ses mains : il leur offrit à les toucher, à palper cette chair qu’il avait fait entrer par des portes closes. En quoi il montra deux choses admirables et qui seraient contradictoires suivant la raison humaine : après sa résurrection, il montra son corps à la fois incorruptible et cependant palpable ! Or ce qui peut se palper doit nécessairement être corruptible, et l’incorruptible ne peut se palper. Mais de manière admirable, inestimable, notre Rédempteur, en montrant son corps incorruptible, nous laissait la récompense de la foi, et en l’offrant à toucher, il affermissait cette même foi. Par là, il montrait que son corps ressuscité était toujours de la même nature, mais d’une toute autre gloire.

          Paul dans sa lettre aux Corinthiens parle de la double origine : et de l’âme vivante animant le corps psychique, et de l’Esprit vivifiant qui rend notre corps spirituel, les deux étant respectivement rapportés à l’un et à l’autre Adam : Le premier Adam, tiré de la terre, est terrestre, le second, lui, vient du ciel.