Apocalypse 22, 12-21

« Viens bientôt »

Jacques Ellul

L’Apocalypse, architecture en mouvement, p. 306s

 

          Restons en présence des derniers versets de cette Révélation, si émouvants et inquiétants ; le dernier mot est celui de l’appel et de la rencontre : Viens.

          Quoi de plus simple que ce double appel, Viens, qui se rencontre, ou que l’accomplissement des épousailles de l’homme et de Dieu ? Quelle perfection aller chercher au-delà de l’incarnation et de l’assomption de l’œuvre des hommes dans la Jérusalem céleste ? Mais cet avertissement, il faut qu’il soit porté par le témoin lui-même, lui qui a transmis sa vision. C’est une parole d’homme prophétique, mais qui doit être entendue d’homme à homme. Celui qui ajoute ou retranche à l’incarnation, manifeste par là qu’il n’a pas vraiment soif. Il se satisfait encore de toutes les boissons du monde, et cherche un cocktail de la Révélation et de la Culture. Il n’est pas encore acculé à cette seule et dernière prière : Viens Seigneur Jésus, viens bientôt. Mais quand cette prière-là est dite, dans la simplicité du cœur, dans l’acceptation du mystère, dans l’absolu de  cette soif, alors, en effet, le Seigneur répond : Oui, je viens bientôt. Et quand il répond ainsi, il se déclare lui-même à son tour Témoin. Jésus, le Témoin fidèle et véritable. Il vient attester d’abord ce que son prophète, son témoin a dit. Il vient affirmer que ce témoin a parlé vrai, qu’il a eu raison de proclamer l’appel et l’avertissement. Au témoignage de l’homme répond le témoignage du Fils, qui garantit la parole de l’homme et qui se porte à son tour témoin du Père et pour le Père. Avec toute la dimension que nous avons reconnue au témoignage. Je viens bientôt. Ce bientôt comporte toutes les dimensions temporelles, pas seulement la future mais aussi l’actuelle, pas seulement la spirituelle mais aussi l’existentielle, pas seulement l’individuelle mais aussi la galaxique, pas seulement la véridique mais aussi la réelle. Et si cela doit être ce que nous avons entrevu, que dire d’autre : Viens, Seigneur Jésus. Ce que nous disons n’est que la réponse, la reprise, le balbutiement de la propre promesse. Et si nous pouvons prier cela, encore après deux mille ans d’absence et de ravage, comment ne pas savoir que c’est vrai, Amen, que c’est parce que la grâce est déjà cet accomplissement. La grâce du Seigneur Jésus soit avec tous. Car tout est grâce. Là est le message central de cette Apocalypse.