Marc 7, 31-37

Le sourd-muet

Adrienne von Speyr

Saint Marc, Points de méditation pour une communauté, p. 348s

 

            On amène à Jésus un sourd muet avec la simple demande de lui imposer les mains. Rien n’est dit sur ces personnes qui amènent ce sourd-muet à Jésus : sans doute savent-elles que lorsque le Seigneur impose les mains, bien des choses se passent.

           Jésus touche les organes qui ne fonctionnent pas. Ces gestes ne sont pas faits en public, mais à l’écart. Le Seigneur n’agit pas devant tout le peuple. S’écarter de la foule, c’est comme s’écarter de l’incroyance.

           Par son toucher, le Seigneur montre que la relation d’homme à homme a son importance. S’il a opéré certains miracles à distance, il aime aussi la proximité humaine, la relation amicale qui ne recule pas devant le contact physique des corps malades ; Jésus n’a pas hésité à toucher des lépreux !

               Ephphata, ce qui veut dire : Ouvre-toi. Jésus lève son regard vers le ciel, vers son Père. C’est comme s’il ne voulait jamais opérer un miracle seul, mais toujours dans la Trinité. Le Père et l’Esprit sont au ciel ; et lui-même, comme homme dans le monde, il a toujours accès au ciel. Plus encore, il fait descendre le ciel pour ne pas agir tout seul, pour être approuvé, pour laisser prendre part. Cette manière divine, réciproque, de laisser prendre part, est ce que le Seigneur nous offre aussi à nous à travers sa vie entière. Car il y a là tout un tissu de relations. Le sourd-muet est là, il s’est laissé conduire passivement ; il y a ceux qui l’ont amené, les actifs, et finalement les spectateurs, ceux qui rapportent les faits. Et le Seigneur est là, Dieu et homme, et le ciel est là. Toute une participation à perte de vue, dans laquelle chacun joue son rôle, sans qu’on sache exactement ce qui revient à qui.

             C’est chrétien, c’est déjà une sorte de miracle eucharistique : le Seigneur donne son corps parce qu’il séjourne sur terre : il touche physiquement, il ne donne pas seulement sa force divine. Il ne refuse pas l’aide des hommes. Mais en regardant le ciel, il cherche la présence du Père et de l’Esprit, et du ciel tout entier. C’est seulement après cette prière muette qu’il soupire : une force s’échappe de lui. Il soupire dans l’obéissance, puis il prononce la parole Ephphata. Les oreilles doivent s’ouvrir, la bouche doit s’ouvrir. S’ouvrir afin qu’elles puissent accueillir la foi, mais aussi afin qu’elles puissent accueillir et prononcer les paroles audibles de la foi.