Jérémie 29, 1-14

La lettre aux exilés

Père Gaston Brillet

365 méditations sur la Bible, p. 94s

 

La situation est décrite par l’introduction historique et sa psychologie par la lettre même. Ce qu’on appelle la première déportation a enlevé à Jérusalem le roi Jékonias et la reine-mère, les princes, les artisans spécialisés, forgerons et serruriers, dangereux pour l’ennemi à Jérusalem, utiles en exil.

Il se forme là-bas bien vite une psychose d’émigrés, et, en particulier, avec les espoirs d’un prochain retour, une disposition à l’oisiveté, à la haine du vainqueur inspiratrice de folles et de dangereuses entreprises. Naturellement, les faux prophètes ne manquent pas.

C’est à ce monde que Jérémie écrit. Il prêche l’ordre et la paix. Installez-vous, travaillez, développez-vous ; vivez dans la tranquillité avec la population du pays, priez pour ce pays. Qu’on pense à l’esprit de haine dont tel psaume sur les fleuves de Babylone, donne une idée !

Le retour viendra, mais plus tard, le chiffre de soixante-dix ans indique un long délai. Et ce sera le bonheur dans la communion parfaite avec le Seigneur Dieu.

Ne croyez pas les faux prophètes. Il y a une telle largeur d’esprit et de cœur dans ces conseils que cet Israélite ne peut prévoir les dangers moraux et religieux de la situation des Exilés, ou plutôt qu’une inspiration le guide qui pressent le Christianisme.

C’est l’inspiration divine, c’est elle qui donne à Jérémie la conscience d’être envoyé partout où il y a besoin de sagesse, de consolation et de force. Et, comme toujours, il intervient, apportant son message, ne paraissant se soucier de l’accueil qui lui sera fait, des conséquences qui en résulteront pour lui.

Il part de Dieu pour revenir à Dieu. Le circuit de sa vie et de son activité passe par les hommes, les éclaire, les réchauffe, les ranime, les sert de mille façons.

Il s’égarerait s’il ne partait pas de Dieu, il s’épuiserait s’il n’y revenait pas. Quelle leçon pour nous !