Ezéchiel 16, 3-19+35-43+59-63

C’est la passion de l’Amour

Père Jacques Guillet

Jésus-Christ, l’homme véritable, Christus, n° 43, p.388-389s

 

Dans la tendresse du Christ pour notre vie la plus humble, dans sa sensibilité toujours prête à compatir, à partager notre souffrance, il y a bien autre chose qu’une humanité exceptionnelle, préparée par des siècles de souffrance, de foi et de compassion : il y a le Mystère du Dieu Rédempteur, la passion du Créateur pour l’homme, son enfant, la Passion de l’Amour, dit Origène commentant le prophète Ezéchiel : Le Sauveur est descendu sur terre par pitié pour le genre humain. Il a subi nos passions avant de souffrir la Croix, avant même qu’il eût daigné prendre notre chair. Car s’Il ne les avait pas d’abord subies, Il ne serait pas venu participer à notre vie humaine. Quelle est cette passion qu’Il a d’abord subie pour nous ? C’est la Passion de l’Amour.

Cette passion est bien autre chose qu’une simple compassion pour le malheur de l’homme ; elle est une volonté passionnelle de sa réussite. Tout échec de l’homme est pour elle un échec personnel, une blessure intolérable. A la source de la sensibilité humaine de Jésus, du mouvement qui Le projette comme d’instinct à la rencontre de tout ce qui souffre et Le lance à la recherche de tout ce qui se perd, il y a la passion jalouse du Père.

Sa passion pour son œuvre, son anxiété pour les périls qu’elle court, son émotion tremblante à retrouver, après tant d’angoisses, le Fils méconnaissable, mais vivant.

C’est la sensibilité humaine de Jésus qui a inventé les paraboles de la brebis perdue, et de l’enfant prodigue ; mais elle ne les a inventées qu’en fixant le Père.

En Jésus-Christ et en tous ceux qui vivent de son Esprit, l’humanité donne au Père se joie divine ; elle comble son attente : toute la création réussit. Cette réussite est parfaitement simultanée : la réussite de Dieu est, en même temps, la réussite intégrale de l’homme.