Marc 13, 24-32

Le jour et l’heure, nul ne les connaît

Saint Augustin

Sermon 97, OC 17, p.94s

 

Frère, l’évangile de ce dimanche nous recommande la vigilance dans l’attente du dernier jour ; chacun de nous doit penser sérieusement au dernier jour de sa vie, de peur qu’en regardant le dernier jour du monde comme éloigné, nous ne nous endormions sur la proximité de notre dernier jour. Nous venons d’entendre ce que le Sauveur a dit du dernier jour du monde, jour que nul ne connaît pas même les anges dans le ciel, pas même le Fils, mais seulement le Père.

Lorsque notre Seigneur dit que le Père connaît ce jour, il veut nous faire entendre que le Fils le connaît dans le Père. Qu’y a-t-il, en effet, dans ce jour qui n’ait pour auteur le Verbe par lequel le jour a été fait ? Que personne ne cherche à savoir quand viendra le dernier jour ; mais plutôt veillons tous par une sainte vie, de peur que notre dernier jour ne nous surprenne sans que nous soyons préparés, et que nous paraissions au dernier jour du monde tels que nous étions au dernier jour de notre vie. Vous n’avez rien à espérer de ce que nous n’aurez point fait ici-bas ! Vos œuvres seules seront alors pour vous ou un appui, ou un poids accablant.

N’aimons pas le monde : il opprime ceux qui l’aiment, loin de les rendre heureux. Que tous nos efforts tendent à éviter ses pièges, plutôt qu’à craindre sa chute. Le monde vient à tomber, le chrétien n’en reste pas moins debout, parce que Jésus-Christ ne peut tomber. Pourquoi Notre Seigneur nous dit-il : Réjouissez-vous, car j’ai vaincu le monde. Ne pourrions-nous pas lui répondre : c’est à toi seul de te réjouir ; si tu es victorieux, réjouis-toi. Pourquoi partagerions-nous ta joie ? Pourquoi le Seigneur nous invite-t-il à nous réjouir ? C’est parce que, pour nous il a vaincu le monde, c’est pour nous qu’il a combattu. Et quand a-t-il combattu ? Lorsqu’il s’est fait homme.

Le Verbe s’est fait chair: il a été insulté, frappé, couronné d’épines, crucifié. C’est afin de souffrir de cela que le Verbe s’est fait chair, et, après avoir souffert cela, en ressuscitant, il a vaincu la mort. C’est pour nous qu’il a souffert, c’est pour nous qu’il a vaincu, et il  nous en donne la garantie par sa résurrection.