L’espérance des biens éternels

Père Louis Bourdaloue

Oeuvres complètes, 1864, tome II, p.329s

 

Frères, nous ne voulons pas vous laisser dans l’ignorance au sujet de ceux qui se sont endormis dans la mort ; il ne faut pas que vous soyez abattus comme les autres qui n’ont pas d’espérance. (1 Thessaloniciens 4, 13).

 

C’est à vous, frères, que j’adresse aujourd’hui ces paroles de saint Paul. Observez, s’il vous plaît,  le sens de Paul : il ne nous défend pas de craindre la mort, ni d’être touchés de la mort de nos amis et de nos proches, mais il nous défend de nous affliger et de craindre, comme ceux qui, vivant sans religion, vivent sans espérance des biens éternels.

 

Je sais que j’ai un Rédempteur vivant dans le ciel, et que je ressusciterai du sein de la terre. Je sais que je verrai dans ma propre chair et de mes yeux ce Dieu, mon Sauveur. Je sais que la mort n’est pour moi qu’un changement d’état, qu’un passage pour mon âme, et qu’un sommeil pour mon corps.

 

 La mort ne va me dépouiller que pour me revêtir, et qu’en m’ôtant une vie fragile et périssable, elle doit me mettre en possession d’une vie qui ne finira jamais. Oui, je le sais, et cette espérance, que Dieu me laisse comme un dépôt, est ce qui me console dans mes misères, ce qui me fortifie dans mes défaillances, ce qui m’attache à mes devoirs, ce qui me rend invincible dans mes tentations, ce qui m’empêche de succomber à la violence des persécutions.

 

Sans cette espérance, toute ma force m’abandonnerait en mille rencontres, et je céderais aux révoltes de la nature ; mais cette espérance est mon support, et voilà pourquoi je la conserve dans mon cœur.