Isaïe 5, 1-7

« Je défendrai à mes nuées de répandre leur pluie sur ma vigne »

Saint Augustin

Premier discours sur le psaume 103, OC 14, p. 269s

 

Que l’intelligence des mystères vous donne de porter du fruit, afin de n’être pas comme cette vigne dont le Seigneur disait par le prophète Isaïe (5,6): Je défendrai à mes nuées de répandre leur pluie sur elle. Il reprochait en effet à une vigne d’avoir produit des épines au lieu de raisins et d’avoir été ingrate pour la douce pluie qu’elle avait reçue. Car celui qui entend le bien et fait le mal reçoit une pluie douce, et produit des épines. Nous n’avons pas lieu de supposer, frères, que le Seigneur ait ici parlé d’une vigne terrestre et visible ; car, de peur que l’obscurité de ces parole ne laissât une excuse à l’iniquité, le Seigneur lui-même a expliqué, par  la bouche du prophète, à quelle vigne et de quelle vigne il parlait : La vigne du Seigneur des armées, c’est la maison d’Israël. Pourquoi vos cœurs s’égarent-ils au milieu des montagnes et des collines du vignoble ? Je sais, dit le Seigneur, de quelle vigne je veux parler ; je sais dans quelle vigne je cherchais des raisins et n’ai trouvé que des épines. C’est en pure perte que vous soupçonnez et supposez une chose et une autre, ne voulant pas comprendre pour bien faire. Car il est écrit au psaume (35,4) : Il n’a pas voulu comprendre pour bien faire. Repoussez de vos cœurs toutes suppositions, la vigne du Seigneur des armées, c’est la maison d’Israël, et les hommes de Juda sont le plan qu’il chérit. Le Seigneur le chérissait quand il l’a planté ; il l’a condamné quand il n’y a trouvé que des épines. Est-ce donc, frères, que cette vigne est seulement la maison d’Israël, et que nous ne sommes pas cette même vigne ?

 Mais, si vous dites : je ne suis pas cette vigne ; que deviennent alors les paroles du Seigneur : Je suis la vigne, et vous en êtes les sarments, mon père en est le cultivateur. Que deviennent les paroles de l’apôtre : Qui plante une vigne et n’en récolte pas le fruit. Vous êtes donc la vigne, ô sainte Eglise, et c’est Dieu qui vous cultive. Nul cultivateur humain ne peut faire pleuvoir sur sa vigne. Bien-aimés, vous les entrailles de l’Eglise, vous les gages de l’Eglise, enfants de cette mère céleste, écoutez lorsqu’il est temps encore ; Dieu a lancé contre cette vigne une épouvantable menace : Je défendrai à mes nuées de répandre leur pluie sur elle.