Ezéchiel 10,18-22 + 11,14-25

Léon le Grand, porteur de paix et d’amour

Benoît XVI

Les Pères de l’Eglise, de Clément de Rome à Maxime le Confesseur, p.223s

 

Bien conscient du caractère historique du moment qu’il vivait, et du passage qui se produisait, en une période de crise profonde, de la Rome païenne à la Rome chrétienne, Léon le Grand sut être proche du peuple et des fidèles par l’action pastorale et par la prédication. Il anima la charité d’une Rome éprouvée par les disettes, par l’afflux de réfugiés, par les injustices et par la pauvreté. Il s’opposa aux superstitions païennes et à l’action des groupes manichéens. Il relia la liturgie à la vie quotidienne des chrétiens ; c’est ainsi, par exemple, qu’il unit la pratique du jeûne à la charité et à l’aumône, spécialement à l’occasion des Quatre Temps qui marque, dans le courant de l’année, le changement des saisons. En particulier, Léon le Grand enseigna à ses fidèles, et ses paroles valent encore pour nous aujourd’hui, que la liturgie chrétienne n’est pas le rappel d’événements passés, mais bien l’actualisation de réalités invisibles qui interviennent dans la vie de chacun. C’est ce qu’il soulignait dans un sermon (64, 1-2) à propos de la Pâque qui est à célébrer en tous temps de l’année, non pas tellement quelque chose du passé, mais plutôt comme un événement du présent. Tout cela s’insère dans un projet précis, insiste le saint Pontife : en effet, comme le Créateur a animé du souffle de la vie rationnelle l’homme modelé de la poussière de la terre, ainsi, après le péché d’origine, il a envoyé son Fils dans le monde pour restituer à l’homme sa dignité perdue et détruire la domination du démon par la vie nouvelle de la grâce.

C’est là le mystère christologique auquel saint Léon, par sa lettre au Concile de Chalcédoine, a apporté une explicitation efficace et essentielle, confirmant pour tous les temps, par l’intermédiaire du Concile, ce que disait Pierre à Césarée de Philippe. Avec Pierre et comme Pierre, il confessa : Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant, et donc Dieu et homme à la fois, non pas étranger au genre humain, mais étranger au péché. Dans la puissance de cette foi christologique, il fut grandement porteur de paix et d’amour. Il nous montre ainsi la vie : dans la foi, nous apprenons la charité. Apprenons donc avec saint Léon le Grand à croire dans le Christ vrai Dieu et vrai homme, et à mettre quotidiennement en pratique cette foi dans l’action pour la paix et dans l’amour pour le prochain.