Isaïe 11, 1-11

L’apparition de l’ange aux bergers

Saint Jérôme

Homélie sur la Nativité du Seigneur, Ichtus : le Mystère de Noël, p. 86s

 

Il y avait dans la même contrée des bergers qui veillaient. Ils ne trouvent le Christ qu’en veillant. Veiller est le rôle des bergers. Le Christ ne se découvre qu’à des bergers qui veillent. Ainsi dit l’épouse : Je dors, mais mon cœur veille : il ne dormira, ni ne sommeillera, le gardien d’Israël.

Il y avait des bergers dans la même contrée. Il y avait Hérode, les pontifes, les Pharisiens : ils dorment tandis que le Christ est trouvé dans le désert. Les bergers veillaient la nuit à la garde de leurs troupeaux. Ils veillaient leur troupeau de peur que, pendant leur sommeil, le loup ne fondît sur lui. Et ils veillaient avec soin, parce que les fauves, sournois, faisaient peser leur menace sur le troupeau. Ils veillaient en quelque sorte le troupeau du Seigneur, mais ne pouvaient le soustraire au péril. Aussi priaient-ils le Maître de venir sauver leur troupeau.

Voici qu’un ange du Seigneur se tint au milieu d’eux. Ils méritaient qu’un ange les visitât, ces hommes qui veillaient avec tant d constance. La clarté de Dieu les enveloppa et ils prirent peur. L’homme ne peut, sans crainte, contempler une trop grande vision. Et comme ils étaient glacés d’effroi, il fut posé, si je puis dire, un baume sur leurs blessures, ils guérirent et l’ange leur dit : N’ayez pas peur ; vous ne pouvez entendre ce que je vais vous dire si vos craintes ne se calment pas. Il vous est né aujourd’hui un Sauveur qui est le Christ Jésus, dans la cité de David. Nombreuses sont ses paroles. Comme ils étaient en admiration, soudain se joignit à l’ange une troupe nombreuse de l’armée céleste qui louait le Seigneur. Comme une seul ange avait annoncé la naissance du Seigneur, et que cet unique témoignage pouvait sembler insuffisant, toute l’armée élève la voix et proclame : Gloire à Dieu dans les hauteurs, et paix sur la terre aux hommes de bonne volonté.

Si chaque jour au ciel sévit la destruction, comment la gloire peut-elle être dans les cieux, et comment peut-on demander la paix ? Considérez cette parole : Gloire aux cieux, où n’existe nulle discorde. Paix sur la terre, où la guerre tous les jours fait rage. Oui, paix sur la terre. La paix chez qui ? Chez les hommes. Et pourquoi les gentils n’ont-ils la paix ? Pourquoi les Juifs n’ont-ils la paix ? Aussi a-t-il ajouté : Paix aux hommes de bonne volonté, c’est-à-dire à ceux qui reconnaissent qu’est né le Christ.