Luc 3, 15-16 + 21-22

Le baptême de la grâce

Saint Jean Chrysostome

Homélie 12 sur saint Matthieu, Ichtus, p. 267s

 

Soyez reconnaissant envers celui qui vous comble de tant de bienfaits, et n’opposez pas une extrême ingratitude à cette source de grâces qu’il verse sur vous pour vous rendre heureux. Car cette seule dignité d’enfants adoptifs de Dieu entraîne nécessairement la destruction de tous les maux et l’effusion de tous les biens. C’est pour cette raison que le baptême des Juifs finit aussitôt après, et que le nôtre commence, et qu’il arrive la même chose dans le renouvellement du baptême que dans le changement de la Pâque. Car de même que Jésus Christ célébra d’abord l’ancienne Pâque avant que de l’abolir et d’établir la nouvelle, de même ici, ce n’est qu’après avoir reçu le baptême judaïque qu’il le fait cesser et qu’il commence d’ouvrir le mystère du baptême et de la grâce de son Eglise. Ce qu’il fera plus tard sur la même table, il le fit maintenant dans le même fleuve: il retrace l’ombre, puis immédiatement après il offre la vérité. Car la grâce du Saint-Esprit ne se trouve que dans le baptême de Jésus-Christ, elle n’était point dans celui de Jean.

              

               Le Saint-Esprit n’est descendu sur aucun de ceux que Jean a baptisés, mais seulement sur Celui qui devait nous donner la grâce de ce second baptême, afin que nous reconnaissions que ce n’était point la pureté, ni le mérite de celui qui baptisait, mais la puissance de Celui qui était baptisé qui a fait cette merveille. Ce fut alors que l’on vit les cieux s’ouvrir, et le Saint-Esprit descendre sur la terre. Jésus-Christ voulait nous transférer  de l’ancienne alliance à la nouvelle. Il ouvre ces portes célestes et il fait descendre son Esprit-Saint pour rappeler les hommes à la divine patrie. Et il ne les y appelle pas seulement, mais il le fait en les honorant d’une souveraine dignité. Car il nous attire en ce séjour bienheureux après nous avoir fait non anges,  non archanges, mais enfants de Dieu, ses enfants bien-aimés.